La ministre de la Justice a défendu mardi son plan de modernisation des prisons, à Fleury-Mérogis
Michèle Alliot-Marie inaugurait le second bâtiment rénové de la maison d'arrêt de l'Essonne. Elle avait annoncé lundi la fermeture de 23 prisons vétustes, portant à 45 le total des fermetures prévues d'ici 2017.
Les syndicats pénitentiaires ont critiqué le plan du gouvernement, l'estimant motivé par des raisons d'économie.
Pour la ministre, son plan vise à améliorer les conditions de détention ainsi que les "conditions de vie" des personnels. Elle a promis des établissements "à taille humaine" de 700 places au maximum, la "fin du tout béton", qui ne "répond pas à la préoccupation de préparation à la réinsertion et à la sortie", la rupture avec la "logique d'inactivité". L'objectif annoncé par Michèle Alliot-Marie à travers ces mesures est la lutte contre la récidive, a-t-elle fait valoir.
Elle souhaite notamment "l'amélioration des conditions de vie" en prison, le "refus de la surpopulation", et le "transfert du temps de détention en temps de reconstruction".
La ministre de la Justice a annoncé lundi la fermeture de 23 prisons vétustes "pour la plupart entre 2015 et 2017". Une fermeture compensée par la construction d'établissements dans le cadre du plan de modernisation du parc pénitentiaire. "22 établissements seront ouverts, dont 11 d'ici 2015. La recherche des terrains a commencé avec les élus locaux", a-t-elle précisé mardi à Fleury-Mérogis.
Ce plan vise à "assurer des conditions dignes de détention, à mettre notre pays en conformité avec les règles pénitentiaires européennes et à garantir la mise en oeuvre des prescriptions de la loi pénitentiaire" votée en 2009.
"D'ici la fin de l'année 2017, environ 9.000 places vétustes seront fermées et près de 14.000 places seront ouvertes", a précisé le ministère de la Justice. "La France sera alors dotée de 68.000 places de prison, dont plus de la moitié auront été ouvertes après 1990". "Tous les agents en poste dans les établissements fermés pourront demander à être affectés dans les établissements alentour et verront leur demande de mutation traitée de façon prioritaire", a assuré le ministère.
Deux maisons d'arrêt (Tarbes et Belfort) vont être transformées en "quartiers nouveau concept", avec des régimes de détention plus souples, visant à "préparer activement la sortie des condamnés en fin de peine". Enfin, quatre établissements (Versailles, Château-Thierry, Laval et Vesoul) doivent être "maintenus, sous réserve d'une nouvelle expertise" sous trois mois.
Les syndicats protestent
Les syndicats dénoncent le manque de concertation. La CGT-Pénitentiaire a protesté contre ces fermetures qui s'ajoutent à 22 annoncées au printemps 2010. Le syndicat a dénoncé des "choix arbitraires, unilatéraux, sans aucune concertation avec les organisations syndicales", et déploré la "taille inhumaine" des nouveaux établissements. "Nous n'avons été associés à aucune réflexion. Cette annonce est faite un lundi soir à la fin du mois de juillet. Il y a de la part du gouvernement une volonté de faire ça dans son coin, sans concertation", a dit à Reuters Céline Verzeletti, secrétaire général de la CGT Pénitentiaire.
"On va créer des places mais pas dans des conditions idéales pour la population pénale", a dit Stéphane Barraut, secrétaire général adjoint de l'UFAP sur i-Télé. "Nous sommes favorables à des établissements à taille humaine et pour l'instant ce n'est pas ce vers quoi on se dirige", a-t-il ajouté.
Michèle Alliot-Marie inaugurait mardi le second bâtiment rénové de Fleury-Mérogis (Essonne). Cette maison d'arrêt est le plus grand établissement pénitentiaire d'Europe. Elle est en rénovation depuis 2002. Les travaux, prévus jusqu'en 2017, coûteront 400 millions d'euros.
L'établissement, ouvert en mai 1968, comptera 3590 contre 2700 aujourd'hui.
Le bâtiment inauguré mardi contraste avec ceux qui n'ont pas été rénovés, avec une douche dans la chambre, des locaux pour les surveillants et pour les détenus, des terrains de sport. Sur 524 cellules, il compte 393 cellules individuelles.
Pour Stéphane Brasdefer, secrétaire UFAP-UNSA à Fleury-Mérogis, "la ministre change son fusil d'épaule", passant du "tout sécuritaire" à "la lutte contre la récidive", mais sans faire état "d'embauche de personnel". "Pour l'instant c'est propre", mais "tant que nous serons un surveillant pour 80 détenus, il n'y aura pas grand-chose qui change", a-t-il déclaré.
- Agen (fermeture en 2016 - construction nouvelle: Pau)
- Aurillac (2015 - construction nouvelle: Riom)
- Béthune (2015 - site nouveau à déterminer)
- Caen (2017 - construction nouvelle dans la Manche)
- Cahors (2011 - site nouveau à déterminer)
- Chalons en Champagne (2016 - site nouveau à déterminer)
- Chartres (2013 - construction nouvelle: Orléans)
- Compiègne (2015 - construction nouvelle: Beauvais)
- Digne (2015 - construction nouvelle: Valence)
- Ecrouves (2017 - site nouveau à déterminer)
- Ensisheim (2015 - construction nouvelle: Lutterbach)
- Fontenay-le-Comte (2016 - construction nouvelle en Charente-Maritime)
- Guéret (2015 - site nouveau à déterminer)
- Lure (2015 - construction nouvelle: Lutterbach)
- Montluçon (2015 - construction nouvelle: Riom)
- Nevers (2015 - construction nouvelle: Dijon)
- Niort (2015 - site nouveau à déterminer)
- Privas (2015 - construction nouvelle: Valence)
- Rochefort (2016 - construction nouvelle en Charente-Maritime)
- Saintes (2016 - construction nouvelle en Charente-Maritime)
- Saint-Malo (2017 - site nouveau à déterminer)
- Sarreguemines (2017 - construction nouvelle: Oermingen)
- Vannes (2017 - construction nouvelle: Angers).
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.