La mère présumée des huit nouveau-nés retrouvés morts a été mise en examen pour homicides volontaires sur mineurs
Le père qui a déclaré au juge d'instruction n'avoir jamais été au courant des grossesses de sa femme, a été laissé en liberté, malgré les réquisitions du parquet.
"Nous sommes en présence d'une affaire hors normes en raison du nombre important de nouveau-nés" retrouvés, a précisé le procureur Vaillant lors d'une conférence de presse à Douai.
Des vérifications sont en cours mais Dominique Cottrez, a indiqué qu'il n'y avait pas "d'autre cadavre caché", a déclaré à la presse le procureur de Douai. Durant sa garde à vue, l'aide-soignante de 47 ans a avoué qu'elle était la mère des huit nouveau-nés retrouvés morts et qu'elle les avait tués, a indiqué jeudi à l'AFP une source proche de l'enquête. Selon cette source, l'aide-soignante a expliqué avoir étouffé les bébés mais elle a affirmé que son mari ne savait rien des grossesses et des homicides.
Le déni de grossesse est "un mobile qui n'a pas du tout été avancé" par la mère a également indiqué le magistrat.
La mère, qui vient de passer sa première nuit en prison, éprouve "une sorte de soulagement" après la révélation des faits et sa mise en examen, a assuré vendredi son avocat. Joint au téléphone par l'AFP, Me Franck Berton a estimé que le procureur de la République de Douai, qui avait écarté a priori la thèse du déni de grossesse, était allé "un peu vite". L'avocat lillois, dont une collaboratrice a assisté la mère infanticide présumée lors de sa mise en examen a décrit une femme "assez éprouvée, fatiguée, et abattue", qui se trouve dans un "état de confusion assez important". Il voit sa cliente libérée d'un lourd secret vieux de 20 ans. "Elle n'a plus à porter ça sur sa conscience et c'est aussi une sorte de soulagement", a déclaré Me Berton. "Les expertises vont déterminer maintenant son état psychologique (...) il y a de réelles questions psychologiques et psychiatriques qui vont être posées", a-t-il ajouté.
La découverte des corps
Les recherches ont pris fin mercredi dans la maison du couple mise sous scellés. Des brigades cynophiles ont été mobilisées sur place dans la commune de Villers-au-Tertre, selon la gendarmerie qui évoque "une enquête pour des faits criminels", dans ce qui s'annonce comme la plus importante affaire d'infanticide en France, selon une source judiciaire.
D'après un élu de la commune, les nouveaux propriétaires d'une maison - qui appartenait avant aux parents de la femme arrêtée - ont alerté la gendarmerie après avoir trouvé des ossements de nouveau-nés dans leur jardin, alors qu'ils creusaient la terre. Deux corps y ont été retrouvés par les gendarmes, selon cet élu, qui indique que six corps ont ensuite été retrouvés mercredi dans la maison du couple, distante d'un kilomètre.
Les habitants de Villers-au-Tertre, petit village coquet du Nord, ont réagi avec stupéfaction à l'information. "Ce sont des gens avenants, serviables, polis et courtois, qui ne laissaient pas supposer de comportement anormal", a déclaré un homme d'une cinquantaine d'années.
Le couple aurait deux enfants adultes, deux jeunes femmes âgées d'une vingtaine d'années, qui elles-mêmes auraient des enfants. "Ce sont des gens normaux, qui ont même un rôle dans la communauté. C'est incroyable", a réagi auprès de l'AFP un autre voisin, étonné par la soudaine notoriété de son village de 700 habitants, où la circulation a été "multipliée par 30" au cours de la journée. C'est un village tranquille, résidentiel, qui n'est pas situé sur un axe majeur. "Ici, c'est un village où on ne passe pas", a résumé ce résident.
Haute-Savoie : une autre découverte macabre
Une enquête a été ouverte après la découverte, lundi en Haute-Savoie, du cadavre d'un nourrisson dans un sac à dos, selon une source proche de l'enquête. Il s'agit d'"un nourrisson de quelques jours à peine, mort, momifié par plusieurs jours de chaleur", d'après le quotidien régional le Dauphiné libéré, qui révèle l'information dans son édition de jeudi.
La découverte a été faite à la mi-juillet par une retraitée, sur la propriété de sa résidence secondaire à Excenevex (Haute-Savoie), sur la rive du Lac Léman. "Elle pensait que ce sac appartenait à sa famille. Elle a donc jeté un rapide coup d'oeil", selon la même source. "Ce n'est que le 26 juillet que cette retraitée a réexaminé l'intérieur du sac avec sa fille, découvrant le cadavre du nourrisson, dont on ignore le sexe, l'enveloppé dans une serviette".
Des analyses sont en cours pour déterminer les causes de la mort du bébé en vue de définir la nature de l'enquête confiée à la section de recherches de Chambéry et au groupement de la Haute-Savoie.
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