La France refuse la mention "château" aux vins américains
Mardi aura lieu une réunion cruciale à Bruxelles pour décider si l'Union européenne accorde le droit aux Etats-Unis d'utiliser ce terme très protégé.
SOCIETE - C'est plus qu'une simple bataille d'étiquettes. Le ministre français de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, refuse de céder le droit aux viticulteurs américains d'exporter vers l'Europe des vins portant la mention "château". "La France est particulièrement attachée" à cette dénomination "qui est notre spécificité dans le cadre de la viticulture, les autres pays le sont beaucoup moins", a-t-il résumé lundi 24 septembre. Mais le ministre a concédé avoir du mal à convaincre ses partenaires européens de le suivre.
Des représentants des 27 pays de l'UE devaient se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la demande d'autorisation déposée à ce sujet par les Etats-Unis. La Commission européenne a décidé de reporter ce vote initialement prévu le même jour. "On est dans une discussion difficile", a reconnu Stéphane Le Foll, expliquant que les autres pays européens n'étaient "pas pour l'instant avec nous" sur ce dossier très sensible, notamment pour les viticulteurs bordelais. Outre la France, l'Italie et le Luxembourg autorisent également la mention "château", mais cela ne concerne que très peu d'exploitations.
La définition américaine est plus floue
En France, la mention "château" désigne un vin d'appellation d'origine contrôlée issu à 100% de raisins récoltés et vinifiés sur la propriété. Mi-septembre, la Fédération des grands vins de Bordeaux (FGVB) avait accusé la Commission européenne de vouloir "brader la mention 'château' aux exportateurs américains", mettant en garde contre "une distorsion de concurrence à l'égard de nos exploitations viticoles et une tromperie pour les consommateurs".
La demande américaine, qui remonte déjà à 2010, concernerait une définition moins restrictive, pour des vins produits par un producteur ou un groupe de producteurs à partir de raisins issus de leurs vignes, ou de vignes "qui ont été traditionnellement exploitées" par ce producteur ou groupe de producteurs. Mais cette définition ne correspond pas à celle du droit américain, qui est beaucoup plus laxiste et permet par exemple à des vins de n'être produits qu'à base de 75% de raisins d'un terroir donné pour bénéficier d'une appellation d'origine contrôlée, relève la FGVB.
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