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La France envisage de puiser dans ses réserves de pétrole

Face à la flambée des prix à la pompe, Paris travaille avec les Etats-Unis et le Royaume-Uni à une éventuelle utilisation des stocks stratégiques.

Article rédigé par franceinfo
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Raffinerie de Grandpuits (Seine et Marne), le 25 octobre 2010. (BERTRAND LANGLOIS / AFP)

Alors que le litre d'essence flirte avec les 2 euros depuis plusieurs semaines, baisser les prix à la pompe devient une priorité pour le gouvernement à moins de quatre semaines du premier tour de l'élection présidentielle. Par la voix d'Eric Besson, le ministre chargé de l'Energie, la France s'est donc dit, mercredi 28 mars, "favorable" à la proposition américaine et britannique d'autoriser les Etats à puiser dans leurs réserves stratégiques de pétrole. Quels sont ces stocks et quel sera l'impact de cette mesure sur les prix ? FTVi vous éclaire sur ces questions :

• Quel effet sur les prix ?

En puisant dans ces réserves, la France, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne veulent augmenter l'offre sur les marchés et ainsi faire baisser les cours du brut. En travaillant de concert, ces grandes puissances économiques peuvent espérer enrayer momentanément la hausse des prix à la pompe. Déjà, cette annonce a fait reculer le prix du baril de Brent de la mer du Nord de 1,63 dollar (1,2 euro), à 123,91 dollars (92,6 euros), selon les Echos.

Mais cette baisse pourrait n'être que temporaire, même en cas d'utilisation des stocks. En effet, la production de pétrole et de gaz en mer du Nord va sans doute diminuer après la fuite et l’évacuation d'une plateforme de Total. D'autre part, les tensions internationales continuent de faire grimper le prix du baril, notamment en raison de l'Iran qui menace toujours de bloquer le détroit d'Ormuz.

• De combien sont ces stocks ?

La France disposait, début octobre, de 17 millions de tonnes de pétrole brut et de produits pétroliers dans ses stocks stratégiques, représentant 98,5 jours de consommation, soit plus que ses obligations internationales (90 jours). Ces réserves sont réparties dans sept grandes régions françaises de manière à ce que chaque zone dispose de dix jours de consommation d'essence minimum.

• Qui peut les débloquer ?

Seule l'Agence internationale de l'énergie (AIE) peut permettre aux Etats de puiser dans leurs réserves énergétiques pour casser la spéculation sur les marchés internationaux. Selon Valérie Pécresse, la porte-parole du gouvernement, la France, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne sont "en phase de consultation" et l'avis de l'AIE constitue "un pré-requis".

• Comment sont-ils gérés ? 

La gestion est partagée par le Comité professionnel des stocks stratégiques pétroliers français (qui en contrôle 12,5 millions de tonnes) et par les opérateurs pétroliers qui conservent une partie de ces réserves dans leurs dépôts pétroliers. Théoriquement, ces stocks doivent être utilisés seulement en cas de guerre ou de crise internationale.

• A-t-on déjà puisé dans ces stocks ?

Oui. La dernière fois, c'était lors de la guerre en LibyeLe 23 juin 2011, alors que la production de brut libyen manquait sur les marchés, l'AIE, basée à Paris, annonçait la mise sur le marché de 60 millions de barils issus des stocks stratégiques. Aussitôt après, le baril avait perdu 6% avant de repartir à la hausse quelques jours plus tard.

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