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La fin des trêves hivernale des expulsions locatives, intervenue lundi à minuit, ravive les critiques envers l'Etat

Plusieurs milliers de personnes ont manifesté samedi à Paris et en province pour demander l'arrêt de ces expulsions locatives, le droit à un logement stable et la création de plus de logements sociaux, répondant à l'appel d'une soixantaine d'associations.Depuis ce matin à 6h, les expulsions ont pu reprendre.
Article rédigé par France2.fr
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Plusieurs milliers de personnes ont manifesté samedi à Paris et en province pour demander l'arrêt de ces expulsions locatives, le droit à un logement stable et la création de plus de logements sociaux, répondant à l'appel d'une soixantaine d'associations.

Depuis ce matin à 6h, les expulsions ont pu reprendre.

"L'Etat déloge alors qu'il doit reloger"
Chaque année, plus de 100.000 décisions de justice d'expulsion sont prononcées, et plus de 10.000 expulsions sont réalisées avec l'aide de la force publique dont certaines touchent des familles reconnues prioritaires par les commissions du droit au logement opposable (Dalo).

Ce front "inédit" d'associations vise "à obtenir par la mobilisation dans la rue ce qu'on n'obtient pas en discutant", explique Christophe Robert de la Fondation Abbé Pierre.

Le comité de suivi de la mise en oeuvre du Dalo a adopté vendredi une motion demandant aux pouvoirs publics de mettre fin aux expulsions de personnes prioritaires pour un relogement, parlant de "dysfonctionnement de l'Etat".

"L'Etat déloge alors qu'il doit reloger selon la loi, c'est un scandale qu'on ne peut pas laisser perdurer", affirme Paul Bouchet, ancien président d'ATD Quart-Monde et membre de ce comité.

Le sénateur UMP des Yvelines Dominique Braye, également membre, dénonce "un gâchis monumental d'argent public", alors que 18% des personnes qui font un recours Dalo le font au titre de menaces d'expulsions.

Le gouvernement ne veut pas entendre parler de ce moratoire. "Ce serait un très mauvais signal" envoyé aux "propriétaires publics comme privés", a déclaré à l'AFP le secrétaire d'Etat au Logement, Benoît Apparu.

Entre le droit à la propriété et le droit au logement, le gouvernement privilégie le premier, mettant en avant le risque, sinon, de "restreindre l'offre de logement pour les personnes modestes ou en difficulté" dans un marché déjà très tendu, selon M. Apparu.

Les associations contestent cet argumentaire en période de crise économique et sociale, d'autant qu'il existe un fonds d'indemnisation des propriétaires auquel les préfets peuvent avoir recours (78 millions d'euros en 2005, 31 millions en 2008).

"La situation est pire qu'avant le début de la trêve ", souligne Serge Incerti, président de la CNL. "Tous les indicateurs sont au rouge, tous les ingrédients sont là pour que 2010 soit encore plus difficile", renchérit Jean-Baptiste Willaume de la CSF.

Selon l'INSEE, en 2006, 1,8 million de personnes étaient en difficulté de paiement dont 500.000 avaient déjà deux mois de loyers impayés.

Pour M. Apparu, il ne s'agit pas de "mettre des gens à la rue". Une solution "d'hébergement adapté" doit être proposée à toute personne ou famille expulsée, dit-il.

Mais les associations craignent que les gens soient "baladés d'hôtels en centres d'hébergements déjà surchargés" et dénoncent le coût d'une telle politique.

La trêve a été instaurée par une loi du 3 décembre 1956 sur une proposition de loi SFIO-PCF. Elle durait alors du 1er décembre au 15 mars et a été prolongée d'un mois (1er novembre-15 mars) en 1990.

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