La cour d'assises d'appel de Paris a acquitté vendredi Loïc Sécher lors d'un procès en révision
Une dernière fois et juste avant que la Cour se retire, Loïc Sécher a clamé son innocence vendredi.
Condamné en appel à 16 ans de réclusion en 2004 pour viols sur mineure, cet ouvrier agricole de 51 ans a purgé plus de 7 ans de prison mais a été libéré en avril 2010 après la décision de la Cour de cassation de réviser ce procès.
Loïc Sécher avait été accusé de viols et d'agressions sexuelles fin 2000 par Emilie, une adolescente alors âgée de 14 ans, très fragile psychologiquement. Il avait été condamné en 2003 à 16 ans de réclusion, peine confirmée en appel l'année suivante et en cassation en 2005.
En 2008, Emilie, devenue majeure, s'était rétractée, avouant qu'elle avait menti et que Loïc Sécher ne lui avait rien fait. Ce dernier avait obtenu la révision de son procès en 2010 après avoir passé plus de sept ans en prison.
Jeudi, devant la cour d'assises d'appel de Paris, le ministère public a requis l'acquittement de Loïc Sécher.
Le réquisitoire
François-Louis Coste a déroulé le fil de l'affaire, décrivant comment une "parole extravagante" d'adolescente perturbée s'était muée en verdict, par le biais d'une "machine judiciaire" si puissamment lancée que la jeune fille ne s'était pas senti la force de l'arrêter.
Les comptes-rendus circonstanciés d'agressions attribuées à Loïc Sécher sont devenues "le récit indiscutable d'une vérité, car son discours était jugé crédible", par des expertises désormais considérées comme trop imprudentes. "Les médecins sont allés trop vite en besogne", a-t-il estimé.
De son côté, Loïc Sécher, célibataire, homosexuel mal assumé, dépressif, buvant trop, qualifié de "bizarre" par nombre d'habitants de son village, avait été décrit par les experts psychiatres comme manipulateur et potentiellement dangereux.
La plaidoirie de l'avocate d'Emilie
"Vous répondrez non à la culpabilité", avait auparavant dit à la cour l'avocate d'Emilie, Me Cécile de Oliveira. Il y a eu "un instant de grâce" à ce procès, lorsque Loïc Sécher et la jeune femme se sont parlé et "souhaité réciproquement de bonnes choses", a ajouté l'avocate.
Sa rétractation, c'est son "honneur retrouvé", a-t-elle dit. Elle en a finalement eu la force et a été aidée certes par son psychiatre, mais aussi par "l'extrême bienveillance silencieuse de Loïc Sécher".
Durant toutes ces années, le condamné, qui n'a jamais cessé de clamer son innocence, a toujours dit qu'il n'en voulait pas à Emilie, mais à l'institution judiciaire.
Loïc Sécher est depuis 1945 le septième condamné en matière criminelle à avoir obtenu une révision de son procès.
Le verdict sera rendu vendredi.
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