Ils s'appellent Solène*, Fouad et Amine. Ils vivent à des centaines de kilomètres les uns des autres. Ils ont pourtant beaucoup en commun : un jour de l'année 2014, leur frère ou leur sœur sont partis en Syrie, pour rejoindre les rangs du groupe Etat islamique (EI), ou d'organisations terroristes rivales. Chaque départ a fait basculer la vie de famille. Solène, Fouad et Amine se sont confiés à franceinfo. Ils vivent aujourd'hui dans la peur et sous le regard accusateur de la société. Comme des pestiférés. Ceux qui n'ont pas vécu cela ne peuvent pas comprendre.
"Quand des sœurs concernées parlent de leur frère, j’ai l'impression qu'elles parlent de mon frère… On a l'impression de se connaître depuis toujours. Entre nous, on arrive à poser les mêmes mots sur une même souffrance", explique Solène. Son frère, Marc*, âgé de 28 ans, a deux ans de moins qu'elle. Il est parti en Syrie en février 2014. Pour surmonter ce départ, Solène a cherché du réconfort auprès d'une association. Ce qui lui a permis de rencontrer deux femmes qui vivent la même situation. Elle a tissé un lien avec elles. C'est le fil auquel elle se raccroche. Une deuxième famille, alors qu'une partie de la sienne, oncles et tantes, lui a tourné le dos. "Ils ne comprennent pas pourquoi on l'aime encore. Même si aujourd'hui j'en paie les pots cassés, moi je n'ai pas honte de dire que j'aime mon frère", assène la trentenaire avec son accent de Midi-Pyrénées. Tant pis pour ceux à qui cela ne plaît pas.