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Qui était David Daoud Drugeon, l'artificier français du groupe jihadiste Khorassan ?

Ce jeune Breton fabriquait des bombes pour le compte de ce groupe syrien issu d'Al-Qaïda. Les Américains pensent l'avoir tué dans une frappe aérienne.

Article rédigé par franceinfo avec AFP et Reuters
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Le jeune David Drugeon, à droite, sur une photographie non datée fournie par sa famille, et prise à Meucon (Morbihan). ( AFP )

"Je pense qu'on l'a eu." Le Français David Drugeon, artificier du groupe jihadiste Khorassan, aurait été tué lors d'une frappe aérienne en Syrie dans la nuit de mercredi 5 au jeudi 6 novembre, selon des responsables de la Défense américaine. Il était considéré comme l'un des éléments les plus dangereux de cette organisation issue d'Al-Qaïda, qui préparerait des attaques ciblant les pays occidentaux. Francetv info revient sur le parcours, de la Bretagne à la Syrie, de ce converti à l'islam âgé de 25 ans.

Converti à l'islam à 13 ans après le divorce de ses parents

David Drugeon grandit en Bretagne, à Vannes (Morbihan). Baptisé, vivant dans une famille catholique, il se convertit à l'islam très jeune, à la suite du divorce de ses parents et suivant l'exemple de son frère, et prend le nom de Daoud. "13 ans, vous imaginez ?", témoigne son père, qui assure pourtant qu'il avait de bonnes relations avec son fils. "Je l'ai vu se convertir, mais il était modéré", dit-il.

C'est quand il quitte son domicile, pour entrer dans un lycée professionnel à Rennes, que le jeune supporter de l'OM se fait remarquer : il n'hésite pas à quitter les cours pour faire sa prière. "Je l'ai surpris à plusieurs reprises sur son tapis, en bas des escaliers de l'internat", raconte la conseillère principale d'éducation, interrogée par Le Télégramme. Il est exclu, se réoriente vers le transport routier, mais son vrai projet est d'apprendre l'arabe en Egypte. En 2008 et 2009, il y effectue deux séjours de quelques mois, dans une école coranique.

Le père de l'artificier du groupe jihadiste Khorassan témoigne (S. SOULA, P. LE MAT, F. LE MOAL, A. CHAHIN / FRANCE 2)

Quand il quitte son domicile, le 17 avril 2010, il explique à son père qu'il retourne en Egypte. "Pour moi, il revenait soit à l'été, soit à Noël. Je lui ai dit au revoir, je ne lui ai pas dit adieu", témoigne son père, rencontré par France 2. C'est cette même année que David Drugeon lui donne son dernier signe de vie, une lettre. "On se retrouvera dans l'au-delà et je mourrai en martyr", écrit-il, enjoignant son père à se convertir.

Formé par Al-Quaïda dans les zones tribales du Pakistan

Ce n'est pas dans une école coranique, mais dans les zones tribales à la frontière de l'Afghanistan et du Pakistan que se rend en fait David Drugeon en 2010. Il s'y forme aux explosifs "en compagnie du francophone Moez Garsallaoui, responsable Europe d'Al-Qaïda", explique Le Parisien. Quand ce lieutenant de Ben Laden, dont il était devenu un intime, est tué par une frappe aérienne, "Daoud" rejoint la guérilla anti-Bachar Al-Assad en Syrie. Brillant par son savoir-faire, il devient progressivement l'artificier et un des leaders du groupe Khorassan. Cette branche d'Al-Qaïda, dont l'existence a été révélée en septembre par les autorités américaines, regroupe des jihadistes étrangers et préparerait des attaques contre des cibles occidentales. 

Il y a un mois, quand un groupe de presse américain affirmait qu'un ancien officier du renseignement français avait rejoint le jihad en Syrie – une information démentie par le ministère de la Défense –, son nom avait été évoqué. Mais ce que l'on sait aujourd'hui de son parcours semble infirmer cette hypothèse.

Considéré comme dangereux par le Pentagone

Considéré comme "l'un des éléments du commandement et l'un des éléments les plus dangereux" de Khorassan, selon le Commandement central des forces américaines, David Drugeon faisait donc partie des cibles du Pentagone. Selon les médias américains, l'attaque qui l'aurait tué aurait été menée par un drone, dans la région d'Idblib dans le nord-est de la Syrie, alors qu'il circulait en voiture. Il faudra sans doute attendre quelque temps pour avoir la confirmation de son décès. 

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