Poursuivie pour "financement du terrorisme", la mère d'un jihadiste français mort en Syrie est condamnée à deux ans de prison ferme
Lors de l'audience, qui s'était déroulée le 5 septembre, le procureur avait requis 18 mois de prison ferme à son encontre, fustigeant ses "mensonges" et ses revirements dans ce dossier.
Le tribunal correctionnel de Paris a condamné, jeudi 28 septembre, Nathalie Haddadi, mère d'un jeune jihadiste mort en Syrie en août 2016, à deux ans de prison ferme, sans mandat de dépôt, pour "financement du terrorisme". Cette conseillère commerciale en Alsace est soupçonnée d'avoir envoyé de l'argent à son fils parti faire le jihad en Syrie.
Son avocat, très en colère après l'annonce du jugement, a annoncé son intention de faire appel. La peine de deux ans de prison ferme est aménageable. Elle pourrait se traduire par le port d'un bracelet électronique. L'un des frères du jihadiste, un autre fils de Nathalie Haddadi, était lui aussi jugé pour "financement du terrorisme". Lui a été condamné à un an de prison avec sursis.
Lors de l'audience, qui s'était déroulée le 5 septembre, le procureur avait requis 18 mois de prison ferme à l'encontre de Nathalie Haddadi, fustigeant ses "mensonges" et ses revirements dans ce dossier. La quadragénaire reconnaît avoir payé des billets d'avion à son fils "pour ses vacances" en Malaisie, mais rien de plus.
"Je condamne le terrorisme"
Nathalie Haddadi avait livré à France 3 un témoignage fort, le 4 septembre, sur son fils de 21 ans parti faire le jihad. Elle avait expliqué avoir voulu l'aider, comme toute mère l'aurait fait. Elle avait également déclaré ne pas comprendre qu'on l'accuse d'avoir financé le terrorisme en donnant de l'argent à son fils "pour qu'il mange, pour qu'il se soigne".
Invitée de franceinfo jeudi matin, cette femme de 43 ans disait "appréhender" la décision du tribunal. "Je condamne le terrorisme", a-t-elle insisté. "J'ai une petite de 9 ans, je suis en CDI, j'ai un crédit en cours, j'ai la vie de monsieur et de madame tout le monde, je ne constitue aucun danger pour l'Etat français, mais il y a urgence pour me mettre en prison. On se pose des questions", a expliqué Nathalie Haddadi.
Cette femme n'est pas un cas isolé. En juillet, franceinfo a recueilli les témoignages de plusieurs familles, qui craignent de s'exposer à des poursuites pour avoir envoyé de l'argent à leurs proches en Syrie.
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