"Ça m'a détruite, là-bas, je n'ai pas été heureuse", raconte Sarah, rentrée de Syrie il y a six mois
RTL a obtenu le témoignage d'une jeune femme partie en Syrie en 2013 pour rejoindre son mari parti faire le jihad. Elle exprime aujourd'hui ses regrets.
"Il voulait que l'on meure tous en martyre, c'était le top pour lui." Sarah, jeune Française de 25 ans, était partie en Syrie rejoindre son mari, comme elle le raconte sur RTL, mercredi 13 avril. Un simple coup de fil a suffi à la convaincre : "Un jour, [mon mari] m'appelle et il me dit qu'il est parti en Syrie, que c'est un pays béni. On n'est pas d'accord, parce que personnellement, je n'ai jamais eu de problèmes en France."
Elle rejoint le père de ses trois enfants en août 2013. Sur place, elle ne fait "rien de spécial, à part m'occuper à la maison, du ménage, des enfants..." Sarah évoque aussi la peur qui la saisit : "J'avais extrêmement peur, je sais ce qu'il se passe là-bas. J'ai vu des vidéos. Comme j'avais très peur où j'étais, je lui ai dit que si quelqu'un venait, je ne pouvais pas me défendre."
J'étais toujours toute seule, lui ne rentrait que le soir. Il ne se passait jamais rien. Quand je sortais, c'était avec le voile sur la tête.
Une ceinture d'explosifs pour se défendre
Pour se défendre, son mari lui propose une solution plutôt radicale : "Il m'avait parlé d'une ceinture d'explosifs qu'il voulait me faire, comme ça je n'avais qu'à appuyer et donc tuer tout le monde", elle y compris. Elle parvient, avec l'autorisation de son mari, à repartir en Turquie, puis en France. Lui reste en Syrie.
Depuie son retour, Sarah se sent rongée par la culpabilité. "Aujourd'hui, ça m'a détruite. Là-bas, je n'ai pas été heureuse, j'étais loin de ma famille et ça m'a causé énormément de torts." Elle a été jugée pour participation à une filière jihadiste et condamnée à une peine de prison avec sursis.
Le ministère de l'Intérieur estime qu'environ 200 jeunes femmes ont quitté la France pour rejoindre l'Etat islamique en Syrie. Sarah tient aujourd'hui à prévenir les éventuelles candidates au départ : "Ce qui serait bien, c'est que même si elles ont une idée, elles essaient d'en parler avec quelqu'un d'autre et de ne pas partir comme ça." Elle tient aussi à avertir sur les mythes véhiculés par l'Etat islamique : "Ils disent tous qu'ils ont des villas avec piscine, qu'ils ont tout, qu'ils mangent des pizzas, etc. Mais non, il n'y a pas que cela là-bas."
Il y a énormément de gens qui meurent tous les jours en Syrie. Il faut un peu ouvrir les yeux et davantage se renseigner sur ce qui se passe.
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