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Une Lyonnaise raconte son calvaire après avoir récupéré sa fille enlevée par son père parti faire le jihad en Syrie

Mériam Rhaiem avait récupéré Assia l'année dernière après onze mois de séparation. Elle revient sur l'enfer qu'elle a vécu dans un livre qui doit paraître jeudi.

Article rédigé par franceinfo
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Mériam Rhaiem avec sa fille et le ministre de l'Intérieur, en arrière plan, à Vélizy-Villacoublay (Yvelines), le 3 septembre 2014. (KENZO TRIBOUILLARD / AFP)

En septembre 2014, la France découvrait Assia sur le tarmac de Vélizy-Villacoublay (Yvelines). Une petite silhouette emmitouflée dans une couverture beige agrippée à sa mère. Cette dernière descendait d'un jet affrété par la France, le visage enfoui dans le cou de sa fille, après onze mois de séparation. Six mois plus tard, Mériam Rhaiem publie, jeudi 16 avril, un livre, Assia, Mama est là, où elle raconte comment son ex-mari a enlevé leur enfant pour l'emmener en Syrie, et le calvaire que cette Lyonnaise a dû endurer pour récupérer sa fille.

"Oublie ta fille !"

Au moment de l'enlèvement, elle est déjà séparée. Le père "préparait son coup depuis de longues semaines : il avait rasé sa barbe, s'habillait normalement, l'emmenait à la piscine. Il voulait me faire croire qu'il avait changé. En réalité, il faisait refaire son passeport dans mon dos", confie-t-elle à L'Expressqui publie des extraits de son livre. Il faut cinq jours pour que le commissariat accepte de prendre sa déposition. Trop tard. L'enfant et son père ont déjà pris la route du jihad.

L'homme rejoint le front Al-Nosra, la branche d'Al-Qaïda en Syrie. Mériam garde le contact, mais reçoit menaces et insultes : "Je suis arrivé en Syrie, Allahou Akbar ! Tu n'es qu'une traîtresse ! Oublie ta fille ! Je l'ai sauvée ! Tu n'es plus sa mère ! Je t'avais prévenue que tu ne pouvais rien faire !' J'entendais des gens rigoler derrière lui, leurs éclats de rire, leur joie et leur cri de guerre : 'Allahou Akbar!'"

D'autres mères concernées

Pour récupérer sa fille, Mériam a dû lui faire croire qu'elle était prête à le rejoindre à la frontière turco-syrienne. Une zone dangereuse, infestée de jihadistes où elle décide de se rendre malgré les risques. Elle lui donne rendez-vous dans un hôtel à Hatay situé à la frontière entre la Turquie et la Syrie où les autorités turques attendent le jihadiste présumé pour l'interpeller. "Je t'ai prise dans mes bras et j'ai dit à ton père que c'était fini, qu'il ne fallait pas qu'il m'en veuille, qu'il était temps de se repentir", écrit-elle dans son livre à destination de sa fille.

Aujourd'hui, "le seul traumatisme qu'Assia a gardé un moment, c'est celui des bombardements aériens, confie Mériam Rhaiem au Parisien. Mais elle va bien, elle a digéré." La mère assure avoir écrit ce livre "pour [sa] fille, pour [se] guérir, et pour que le gouvernement arrête de faire la politique de l'autruche". Elle évoque le sort d'autres mères "qui se mettent hors la loi vis-à-vis de leur droit de garde pour que les enfants ne partent pas en Syrie avec des pères endoctrinés".

Aujourd'hui, la jeune femme est toujours menacée par des amis du père et doit vivre sous protection. Son ex-mari a été arrêté à son retour en France. Il est en attente de jugement.

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