Mort d'un jeune dans la zone d'une intervention policière à Villiers-le-Bel : l'avocat de la victime va "demander la saisine de la police des polices"
"Il y a des témoins qui font état d'un rôle actif d'un fourgon de police qui aurait percuté la moto", affirme l'avocat de la famille du jeune homme.
"Avec le juge d'instruction qui sera saisi, nous demanderons la saisine de la police des polices", a indiqué jeudi 10 octobre sur franceinfo, maître Yassine Bouzrou, avocat de la famille du jeune homme qui est mort dimanche 6 octobre dans un accident de moto à Villiers-le-Bel dans le Val d'Oise dans la zone d'une intervention policière.
Le Parquet de Pontoise a annoncé l'ouverture d'une information judiciaire, pour "homicide involontaire contre X sous la direction d'un juge d'instruction", une décision qui ne satisfait pas maître Yassine Bouzrou. "Un juge d'instruction aurait dû être saisi dès le début de l'affaire, nous avons perdu un temps précieux", a-t-il expliqué. Il demande à avoir accès au rapport d'autopsie de la victime et aux images de vidéosurveillance. D'autant plus que "des témoins font état d'un rôle actif d'un fourgon de police qui aurait percuté la moto", selon l'avocat.
franceinfo : Êtes-vous satisfait de la nomination d'un juge d'instruction dans cette affaire ?
Me Yassine Bouzrou : Un juge d'instruction aurait dû être saisi dès le début de l'affaire. Aujourd'hui nous ne sommes pas satisfaits. Nous déplorons que le procureur de Pontoise ait attendu aussi longtemps avant de saisir un juge indépendant. Nous avons perdu un temps précieux sachant que nous n'avons toujours pas eu accès au rapport d'autopsie et aux éléments de l'enquête. Donc j'estime que l'attitude du procureur a été très mauvaise dans ce dossier et a entravé la manifestation de la vérité. Avec le juge d'instruction qui sera saisi, nous demanderons surtout la saisine de la police des polices, l'Inspection générale de la police nationale l'IGPN. Car aujourd'hui il faut savoir que le procureur, pour des raisons que j'ignore, n'a toujours pas saisi la police des polices. Il avait donc saisi la Sûreté départementale qui n'a aucune compétence pour enquêter sur les policiers.
Vous demandez également à avoir accès aux images de vidéosurveillance, pourquoi ?
Tout simplement pour savoir ce qui s'est passé. Il y a deux versions qui s'opposent. Celle des autorités, c'est-à-dire celle du préfet de police, du préfet du Val-d'Oise qui a annoncé de manière péremptoire que mon client s'est tué tout seul. C'est la raison pour laquelle nous souhaitions avoir des images. Il y a des témoins qui font état d'un rôle actif d'un fourgon de police qui aurait percuté la moto. La seule manière de trancher est de visionner des images de vidéosurveillance. Là encore, nous avons demandé ces images au procureur de la République qui n'a pas daigné répondre à une demande simple légitime. Nous trouvons que l'attitude du procureur est tout à fait étonnante dans ce dossier. Les premières heures d'une enquête sont extrêmement importantes. J'estime en effet que l'attitude du procureur de Pontoise a été désastreuse dans ce dossier. Heureusement d'autres juges pourront instruire ce dossier. Nous espérons maintenant avoir des réponses à nos questions.
Vous êtes donc déçu par la manière dont l'enquête a été menée jusqu'ici ?
Oui complètement. J'estime qu'il y avait des réponses simples à apporter dès le début de cette enquête. Mes clients souhaitent connaître les résultats de l'autopsie qui a été réalisée il y a quelques jours maintenant. J'ai demandé à plusieurs reprises au procureur de nous communiquer l'autopsie afin que la famille puisse connaître les causes du décès. Le procureur a été totalement inhumain vis-à-vis de mes clients en refusant de communiquer un rapport d'autopsie qui a été réalisé. Là encore je ne comprends pas son attitude. Je déplore cette attitude judiciaire émanant du procureur de la République qui malheureusement a fait n'importe quoi dans ce dossier.
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