Une pile de journaux sous le bras, Ali annonce dans les rues de Paris les nouvelles du jour - ou presque. "Charles Martel arrête les Arabes à Poitiers", "Assassinat d'Henry IV", lance-t-il aux passants, avec humour. Ali est le dernier vendeur de journaux à la criée de Paris. Après un demi-siècle de bons et loyaux et services, il s'apprête à raccrocher son tablier. Arrivé en France en 1970, ce Pakistanais a dormi plusieurs années dans la rue, envoyant à sa mère l'argent qu'il arrivait à mettre de côté. Il n'a jamais quitté le quartier de Saint-Germain-des-Prés, où il vend encore aujourd'hui les journaux. "J'ai bien aimé ce travail", affirme Ali, qui a pu être son propre patron.68 ans : le début d'une nouvelle viePascal Perrineau, président de Sciences Po alumni, se souvient très bien de lui. "Il nous faisait marrer, il balançait toute une série de fausses nouvelles", se remémore-t-il. "C'est grâce à moi que vous êtes diplômés", lui répond Ali avec humour. À 68 ans, Ali a besoin de changement : il veut ouvrir un petit foodtruck. Les anciens de Sciences Po, qui l'ont côtoyé, ont récolté 25 000 euros pour l'aider à acheter le matériel nécessaire. "J'ai toujours vécu dans le cœur des gens, pas dans leur poche", déclare Ali.