Lille : l'arrêt des subventions au lycée musulman Averroès est "une onde de choc terrible", selon la porte-parole des personnels de l'établissement
L'arrêt des subventions au lycée musulman Averroès est "une onde de choc terrible", réagit Amel Afejjay, porte-parole des personnels de l'établissement. Elle était invitée mardi 13 février de France Bleu Nord après la décision lundi du tribunal administratif de Lille qui a confirmé en référé la décision du préfet du Nord de mettre fin à compter de la rentrée de 2024 aux subventions du lycée Averroès, principal établissement secondaire musulman de France.
Mardi matin, quand les élèves vont rentrer en classe, "il va falloir trouver les mots pour accompagner cette très dure décision" qui "fait l’effet d’un second coup de massue", confie Amel Afejjay. La fin du contrat signifie que les enseignants ne seront plus payés par l’État. "Nous devrons chercher un autre emploi, en sachant qu’il n’y a pas d’obligation de réemploi. À nous de candidater et après c’est vraiment à la discrétion des chefs d’établissement de nous accepter ou pas", explique Amel Afejjay.
"C’est vraiment l’opprobre qui est jetée sur nous"
Environ 400 élèves sont actuellement scolarisés dans l’établissement. "Il y a bien évidemment beaucoup d’inquiétude de la part des parents et des élèves. Il va falloir discuter de tout ça sereinement avec l’ensemble de la communauté éducative et c’est une onde de choc terrible", témoigne la représentante du personnel du lycée Averroès.
Selon le tribunal, des notices bibliographiques prônaient la peine de mort, pour ceux qui renient la foi musulmane ou [des notices] qui ne prônent pas l’égalité hommes/femmes, rappelle France Bleu Nord. "Tous mes rapports d’inspection que j’ai fournis témoignent de la qualité de l’enseignement, de la conformité de notre enseignement aux programmes. Je suis une fonctionnaire qui applique à la lettre le programme de l’Éducation nationale. C’est vraiment l’opprobre qui est jetée sur nous".
Selon Amel Afejjay, "il y a des enjeux politiques derrière tout ça. On a vraiment le sentiment d’un acharnement. Pour moi rien ne justifie la résiliation du contrat (…) c’est disproportionné. Moi qui ne cesse de répéter à mes élèves que ce sont des citoyens français à part entière, là franchement je ne sais pas comment je vais amener le sujet". Elle aimerait "qu’on mette le même zèle et la même énergie dans le contrôle de tous les établissements confessionnels. Même en gardant la tête froide, le deux poids deux mesures nous vient à l’esprit forcément". Les avocats de l'établissement vont se pourvoir en cassation et saisir le Conseil d'État, rappelle France Bleu Nord.
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