Amiens : 450 manifestants pour défendre l'usine MetEx et les 300 emplois menacés
450 manifestants se sont réunis lundi 25 mars devant le site de l'usine MetEx (ex-Ajinomoto), spécialisée dans la fabrication d'acides aminés, à Amiens dans la Somme, rapporte France Bleu Picardie. Le 22 mars dernier, l'entreprise a été placée en redressement judiciaire avec une période d'observation de six mois pour trouver des repreneurs ou des investisseurs. Quelque 300 emplois sont menacés.
Salariés et soutiens se sont rassemblés devant le site amiénois. Parmi les soutiens, des élus dont le sénateur PS Rémi Cardon, la secrétaire d'Europe-Ecologie-les Verts Marine Tondelier. "Ici 300 familles vivent dans l’angoisse", a déploré sur X le député LFI François Ruffin. Présente également, la tête de liste La France insoumise pour les européennes, Manon Aubry, estime que "l'Union européenne est triplement responsable" de cette situation. L'eurodéputée dénonce sur X "l'explosion du coût de l'énergie, la dérégulation du marché du sucre et la folie du libre-échange".
La dernière usine à produire de la lysine en France
Léon Deffontaines, tête de liste du Parti communiste français pour les européennes, appelle à ne pas laisser "la concurrence chinoise saborder les emplois de plus de 300 salariés !" Dans son message publié sur le reseau social X, il ajoute que cette usine "doit être préservée" car c'est "la dernière à produire de la lysine", un acide aminé utilisé en nutrition animale. On peut aussi le retrouver dans la composition de certains médicaments comme l'Aspégic.
MetEx utilise du sucre pour ses procédés de fermentation. Or, "le prix s'est envolé", a expliqué sur France Bleu Picardie Rudolph Hidalgo, directeur adjoint du groupe MetEx. Il pointe également un "problème de compétitivité" avec la Chine notamment. "Nous continuons à toucher un sucre entre 750 et 800 euros la tonne alors qu'on a des concurrents à l’autre bout du monde qui le touche entre 400 et 500 euros", a détaillé Rudolph Hidalgo, sur France Inter ce lundi.
"Une catastrophe pour l'économie locale"
Le directeur adjoint du groupe MetEx ajoute qu'au-delà de la question des emplois, l'usine "est essentielle pour la souveraineté" alimentaire et pharmaceutique de la France et même de l'Europe. "Si nous perdons une capacité à produire de la lysine, nous serons pieds et poings liés pour tout ce qui est la nutrition animale" et "si on veut pouvoir continuer à avoir de l'Aspégic dans nos pays, il faut continuer à produire de la lysine et de la lysine de qualité au sein de notre nation", a-t-il alerté sur France Bleu Picardie en rappelant que le gouvernement a lancé un plan pour la relocalisation en France de médicaments jugés essentiels comme le paracétamol.
Samir Benyahya, délégué CFDT de l'usine MetEx espère ainsi une intervention rapide de l'Etat. "Il y a vraiment urgence. On perd de l’argent tous les mois", alerte le syndicaliste ce lundi sur France Inter. "Le gouvernement nous parle tout le temps de la souveraineté alimentaire, c'est le moment de le prouver", ajoute-t-il. "C'est vraiment une catastrophe pour l'économie locale", insiste Samir Benyahya. C'est même bien au-delà car en comptant les sous-traitants, 2 000 emplois sont menacés, assure la direction à France Inter.
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