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Menaces, entraves... À Calais, les associations d'aide aux migrants dénoncent des violences policières

L'Auberge des migrants, Utopia 56, Help Refugees et Refugee Info Bus ont recensé 646 incidents relatifs à l'intimidation des volontaires par la police française à Calais et dans ses environs du 1er novembre 2017 au 1er juillet 2018. Elles ont saisi le Défenseur des droits, mardi 7 août 2018.

Article rédigé par franceinfo - Louise Hemmerlé
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Temps de lecture : 4 min
Un véhicule de police à proximité d'un groupe de migrants à Calais, le 2 février 2018.  (PHILIPPE HUGUEN / AFP)

"Nous, associatifs, sommes forcés de constater qu'à Calais, le policier harcèle les bénévoles et viole trop souvent ses obligations légales", constatent, dans un rapport publié mercredi 8 août que franceinfo s'est procuré, les associations d'aide aux migrants L'Auberge des migrants, Utopia 56, Help Refugees et Refugee Info Bus. "Les autorités françaises ne se contentent pas d'ignorer leurs obligations en matière de droits de l'Homme mais restreignent activement les initiatives humanitaires des volontaires à Calais", jugent-ils.

Du 1er novembre 2017 au 1er juillet 2018, ces associations ont recensé 646 incidents relatifs à l'intimidation des volontaires par la police française à Calais et dans ses environs, sur la base de témoignages de bénévoles. "Cette intimidation va du contrôle d'identité systématique aux amendes de stationnement, en passant par les menaces, les insultes et la violence physique", détaillent les associations dans leur rapport, qui a été transmis au Défenseur des droits. Voici ce que dénoncent les bénévoles sur le terrain, décrivant un climat très tendu avec les forces de l'ordre. 

Des entraves aux distributions

Les associations ont recensé 56 incidents d'entraves aux distributions sur les huit mois de la période étudiée. "Ces incidents incluent des amendes disproportionnées, des interdictions de distribution de nourriture et d'articles non-alimentaires, des convocations à se rendre au poste de police et des confiscations de matériel et d'effets personnels des bénévoles", détaille le rapport.

Concernant les contraventions jugées abusives, le rapport souligne que, sur ces trois dernières années, 117 contraventions ont été adressées à L'Auberge des migrants, pour un montant total de 7 586,20 euros, selon les calculs de l'association. "De plus, des amendes de stationnement sont régulièrement infligées pour 'stationnement très gênant', l'infraction aux règles de stationnement la plus grave en France [...] régulièrement données pour s'être garé avec deux-roues sur un trottoir dans les zones isolées et très peu fréquentées où se situent les camps de réfugiés", poursuit le rapport. 

Une autre méthode dénoncée par les associations est le blocage, à l'aide de grandes pierres, de l'accès aux points de distribution par les autorités municipales. "Les distributions organisées par les associations près du stade de l'Épopée au cours de l'hiver ont été empêchées à l'aide de grosses pierres barrant l'accès car le site était jugé trop 'résidentiel' par la mairie, dénonce le rapport. Elles doivent désormais avoir lieu rue Jean Rostand, à proximité immédiate d'une station d'épuration." 

Des violences verbales et des menaces 

Les associations se disent également victimes de violences verbales de la part des policiers : "Depuis le 1er novembre 2017, nous recensons 68 cas d'abus de pouvoir, 21 menaces et 12 insultes des forces de l'ordre contre les bénévoles." Le plus souvent, les policiers menacent d'une arrestation ou d'une convocation en justice.

Youssoup Pachaev, bénévole de L'Auberge des migrants, raconte ainsi que, lors de l'arrestation de deux exilés, un policier lui aurait lancé : "Vous n'avez rien à faire là, c'est une opération de police. Allez, du vent ou on vous embarque aussi." Les associations ont également enregistré des menaces de violences physiques. Alors qu'il documentait des violences policières commises sur les exilés, Arnaud Gabillat, bénévole d'Utopia 56 affirme que l'un des fonctionnaires de police sur place lui a dit : "Vous verrez, la prochaine fois qu'il y aura des violences, ce sera pas pour les réfugiés."

Des violences physiques 

À en croire les bénévoles, les cas de débordements et de violences physiques ne sont pas exceptionnels. Entre le 1er novembre 2017 et le 1er juillet 2018, ce sont 37 cas de violences physiques qui ont été enregistrés par les associations. Charlotte Head, bénévole de l'association Help Refugees raconte que lors d'une maraude matinale, des agents CRS ont été très agressifs avec elle et l'ont saisie par la gorge avant de la projeter au sol.

"Nous étions en train de filmer une opération d'expulsion quand un CRS tenant une matraque s'est dirigé vers nous en nous disant de nous éloigner [...] Il a ensuite arraché mon téléphone portable de ma main, l'a jeté par terre et l'a envoyé plus loin sur le bitume d'un coup de pied pour que je ne puisse plus filmer. Je suis allée ramasser mon téléphone par terre et le policier m'a alors dit 'allez, cassez-vous, là', témoigne-t-elle. Un autre policier, placé dans mon dos, m'a attrapée au niveau de la gorge avec son bras et m'a violemment jeté à terre. J'ai crié dans ma chute."

En conclusion, ces associations expliquent que les bénévoles ont du mal à porter de plainte car les policiers ne sont pas identifiables, ce qui leur garantirait "une forme d'impunité".

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