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Harkis : Sarkozy reconnaît que la France s'est rendue coupable "d'injustices"

Le chef de l'Etat a reconnu "une injustice" et "une forme d'abandon" à l'endroit des soldats algériens musulmans qui ont combattu avec les troupes françaises durant la guerre d'Algérie (1954-1962). 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Nicolas Sarkozy à Nice, le 9 mars 2012.  (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

Nicolas Sarkozy l'avait promis lors de sa campagne électorale en 2007. S'il était élu, il s'engageait à reconnaître "officiellement la responsabilité de la France dans l'abandon et le massacre des harkis". En visite à Nice (Alpes-Maritimes) vendredi 9 mars, le président, de nouveau candidat, leur a dit avoir tenu parole. Une déclaration qui intervient quelques jours avant le 50e anniversaire des accords d'Evian, signés le 18 mars 1962, qui ont mis un terme à la guerre d'Algérie.

"Nous avons une dette à l'endroit des harkis"

"Pour que vous puissiez pardonner, il faut que la République reconnaisse qu'il y a eu une injustice, qu'il y a eu une forme d'abandon, c'est fait. (...) Nous, les autorités, nous avons une dette à l'endroit des harkis (...) mais je ne veux pas que cette dette soit portée par une communauté nationale qui n'y était pour rien", a-t-il souligné. "Les autorités françaises ne se sont pas bien comportées" alors "qu'elles auraient dû [vous] protéger", a poursuivi le président candidat.

Quelque 200 000 supplétifs musulmans ont été recrutés par l'armée française pendant la guerre d'Algérie (1954-1962). Abandonnés sur place par l'armée française lors de l'indépendance du pays, beaucoup (entre 30 000 et 150 000, selon les estimations) ont été tués par l'armée algérienne. Ceux qui ont pu regagner la France ont été relogés dans des camps, dans des conditions très précaires. En comptant leurs descendants, ils seraient aujourd'hui près de 400 000 en France. Nombreux sont ceux qui avaient reproché au chef de l'Etat de ne pas avoir tenu sa promesse de 2007.

Un électorat attiré par le Front national

C'est bien sûr un hommage historique. Mais à moins de six semaines du premier tour, il devient surtout politique. Estimés à 3,2 millions d'électeurs potentiels, les rapatriés d'Algérie (les pieds-noirs) et les harkis sont une cible incontournable.

En 2007, les pieds-noirs avaient largement voté pour le candidat Sarkozy, lui attribuant 31% des suffrages au premier tour contre 18% à Jean-Marie Le Pen, selon une étude du Cevipof. Mais aujourd'hui, Marine Le Pen, candidate du Front national, arrive largement en tête des intentions de vote avec 28%, contre 26% au candidat de l'UMP et au socialiste François Hollande, d'après cette même étude.

"Les rapatriés sont un réservoir historique du FN", a confirmé le député UMP et président du conseil général des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti.

Le numéro 2 du FN dénonce "un cynisme qui dépasse l'entendement"

Devant la presse, Nicolas Sarkozy s'est gardé de toute arrière-pensée électoraliste. "Quand je parle aux Français, je ne parle pas à des segments de Français, je parle à la communauté nationale", a-t-il assuré. Mais, évoquant les "souffrances" des rapatriés, il a vite tombé le masque. "Je leur dis simplement que crier sa colère, ça ne soulage qu'un temps, qu'il faut construire. Et construire, ce n'est pas avec le Front national."

Le numéro 2 du FN, Louis Aliot, a alors répondu à l'appel du pied du candidat de l'UMP. "La chasse aux voix est ouverte, mais les rapatriés et les harkis ne seront pas dupes", dénonçant "un cynisme qui dépasse l'entendement" de la part du président candidat.

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