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Crise en Guadeloupe : le directeur général adjoint du CHU de Pointe-à-Pitre "satisfait d'entendre que l'ordre sera rétabli"

Cédric Zolezzi, directeur général adjoint du CHU de Pointe-à-Pitre (Guadeloupe) considère les annonces de Jean Castex "rassurantes" et "très équilibrées".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
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Des soignants s'occupent d'un patient atteint du Covid-19 au CHU de Pointe-à-Pitre, le 3 septembre 2021.  (CARLA BERNHARDT / AFP)

Les annonces du Premier ministre Jean Castex sur la crise en Guadeloupe "sont de nature à rassurer les professionnels de santé", a jugé sur franceinfo lundi 22 novembre Cédric Zolezzi, directeur général adjoint du CHU de Pointe-à-Pitre."Nous avons bon espoir que les conditions soient à nouveau réunies pour venir travailler en toute sérénité." Le Premier ministre a notamment annoncé la création d'une instance de dialogue pour "accompagner les professionnels" de santé vers la vaccination.

franceinfo : Qu'avez-vous pensé des annonces de Jean Castex ? Sont-elles de nature à apaiser la situation sur place ?

Cédric Zolezzi : Ces annonces sont rassurantes et me semblent très équilibrées. Elles sont de nature à rassurer les professionnels de santé qui, pour près de 90% dans le CHU, sont en conformité avec les obligations que posent la loi du 5 août. Nous sommes satisfaits d'entendre que l'ordre sera rétabli et que nous allons pouvoir avoir un accès normalisé à notre établissement, à la fois pour les patients et pour le personnel, mais aussi pour les fournisseurs qui pourront venir livrer tout ce dont nous avons besoin comme les repas, l'eau et les matériels de soins. La mission première de l'hôpital est de soigner. C'est la vocation de tous nos soignants. Il n'est pas normal que nos personnels se fassent agresser. Une soignante qui rentrait chez elle après son service samedi a été braquée avec un fusil à pompe sur un barrage routier.

"Nous souhaitons pouvoir retravailler dans un hôpital qui soit considéré comme un sanctuaire et où les ambulances puissent circuler, où le travail puisse se dérouler sereinement."

Cédric Zolezzi, directeur général adjoint du CHU de Pointe-à-Pitre

à franceinfo

En ce moment, travaillez-vous dans la peur ?

Nous travaillons dans un climat de tension et aussi avec conscience que les soins et les prises en charge ne se font pas comme ils devraient l'être, ni comme les patients de la Guadeloupe ont le droit de les recevoir. Il n'est pas normal que les chimiothérapies ne soient pas réalisées, que les dialyses soient rendues difficiles pour des raisons de circulation, que des filtrages aient lieu par une organisation syndicale qui, finalement, est minoritaire sur l'île. Il n'est pas normal que l'acheminement des repas soit compliqué pour nos patients. Certains renoncent à se soigner et c'est dramatique. Il n'est pas normal non plus que, lorsqu'elles font des sorties, les voitures du Samu et du Smur soient caillassées la nuit ou ne puissent pas revenir au CHU parce qu'elles sont bloquées sur des barrages routiers. Par exemple, aujourd'hui, un véhicule de secours avec un homme de 57 ans en arrêt cardio-respiratoire a été bloqué. Il n'est pas souhaitable que cette situation perdure. Nous souhaitons vraiment en sortir et revenir à une forme de sérénité. Notre mission de soins, qui est notre mission première et est la vocation de 3 600 personnes du CHU, est actuellement empêchée.

Demandez-vous une protection afin de mener à bien cette mission ?

Elle est en train de se mettre en place grâce aux renforts qui sont arrivés. C'est rassurant pour nous et nous avons bon espoir que les conditions soient à nouveau réunies pour venir travailler en toute sérénité. Il n'est pas normal que des soignants aient été obligés de dormir à l'hôpital parce qu'ils ne pouvaient pas rentrer chez eux de crainte de tomber sur un barrage, cela pendant quatre jours. Ce genre de dispositif n'existe normalement qu'en période cyclonique. Nous ne pourrons pas imposer cela à des soignants sur une trop longue durée. Ce genre de conditions de travail sont injustes pour eux car ils ont des familles, ont besoin de se reposer aussi plutôt que de passer leur vie à l'hôpital.

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