Enlèvement de Mia : ce qu'il faut retenir du point sur l'enquête du procureur d'Epinal
La petite fille de 8 ans, enlevée mardi dans les Vosges, n'a pas été retrouvée. Elle pourrait être à l'étranger avec sa mère.
Après l'enlèvement de la petite Mia dans les Vosges, quatre hommes ont été placés en garde à vue, a annoncé le procureur de la République d'Epinal, Nicolas Heitz, lors d'un point-presse vendredi 16 avril. L'enfant de 8 ans, qui avait été enlevée mardi chez sa grand-mère maternelle, n'a toujours pas été retrouvée. Elle pourrait se trouver à l'étranger avec sa mère, a-t-il précisé. Voici ce qu'il faut retenir de cette conférence de presse.
Quatre hommes en garde à vue
Déclenchée quelques heures dans la soirée du mardi 13 avril, l'Alerte enlèvement a permis à la police de recueillir des témoignages sur les véhicules ayant circulé dans la matinée près du domicile de la grand-mère aux Poulières (Vosges). Les immatriculations des voitures en question ont ensuite permis de remonter jusqu'aux quatre hommes interpellés, a expliqué en substance le procureur. D'autant que les suspects étaient déjà suivis par le Parquet national antiterroriste (Pnat), même s'ils n'avaient pas d'antécédents judiciaires.
L'un des suspects, âgé de 58 ans, a été interpellé mercredi soir à son domicile dans le 19e arrondissement de Paris. "La perquisition réalisée à son domicile permettait de découvrir le script d'un discours à tenir devant la grand-mère de Mia pour se faire passer pour un éducateur. On découvrait également de nombreux téléphones portables", a détaillé le magistrat. La police a également retrouvé dans un box à proximité l'un des véhicules signalés près de la maison de la grand-mère, une Citroën C15.
Un autre homme, âgé de 23 ans, a été interpellé chez lui mercredi soir à Varreddes, en Seine-et-Marne. A l'occasion de la perquisition, "des éléments susceptibles d'entrer dans la composition d'explosifs étaient découverts", selon Nicolas Heitz. Une source judiciaire a toutefois précisé à franceinfo qu'aucun explosif n'avait été trouvé lors de la perquisition, mais uniquement des sachets de poudre pouvant entrer dans la composition d'explosif et pas en grande quantité. Un troisième homme, âgé de 60 ans, a été interpellé jeudi à 6 heures du matin aux Lilas (Seine-Saint-Denis). Enfin, un quatrième homme a été interpellé en Meurthe-et-Moselle. Trois de ces hommes sont soupçonnés de s'être rendus chez la grand-mère de Mia mardi pour enlever l'enfant.
Tous ont été transférés à Epinal. "Aucun d'eux n'a des antécédents judiciaires, a déclaré le procureur. Il ne m'appartient pas d'indiquer la nature de leur suivi au plan administratif". Une enquête préliminaire confiée au Parquet national antiterroriste était en effet déjà en cours sur ces hommes. Trois des quatres suspects étaient connus de la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) pour leur appartenance au mouvement survivaliste, a appris franceinfo de sources concordantes, confirmant des informations du Parisien.
La mère les avait contactés pour récupérer l'enfant
Ces hommes ont expliqué que Lola Montemaggi, la mère de Mia, les avait sollicités "via internet pour récupérer sa fille dont elle s'estimait injustement séparée, dans le but de partir à l'étranger". "Leurs auditions sont globalement concordantes", a ajouté le procureur, en précisant que l'un d'entre eux n'avait pas voulu s'exprimer. Les suspects ont enlevé la fillette en se faisant passer auprès de sa grand-mère maternelle pour des représentants de la protection de l'enfance, à l'aide de papiers à en-tête du ministère de la Justice. Vingt minutes plus tard, ils ont remis l'enfant à sa mère. L'un d'eux, selon le procureur, s'est dit "fier de ce qu'il avait fait, jugeant que les placements étaient faits de manière abusive".
Lola Montemaggi, 28 ans, qui "voulait vivre en marge de la société", selon la justice, n'avait plus le droit de voir Mia seule depuis le début de l'année. "Depuis janvier, avait déclaré le procureur mercredi, cette maman ne répondait à aucune des convocations des services de la protection judiciaire de la jeunesse, ni même à celles du juge des enfants".
La justice estime aussi que la mère avait "adopté devant le juge des enfants, le 11 janvier, une posture préoccupante. Elle se disait malade, ne souhaitant pas qu'on s'immisce dans sa vie ni dans celle de sa fille en arguant une position de rejet de la vie en société", avait exposé Nicolas Heitz lors d'un précédent point-presse. "Elle a par ailleurs indiqué fin décembre 2020 qu'elle allait vider son appartement et vendre ses meubles avec comme projet de partir en camping-car avec sa fille dans le but de passer en dessous des radars de la société."
La mère et l'enfant pourraient se trouver à l'étranger
L'enfant et la mère sont toujours introuvables. Un départ à l'étranger n'est "pas exclu", selon Nicolas Heitz. Il a estimé qu'elles avaient pu "quitter le territoire national". "Notre territoire, les Vosges, sans être frontalier, n'est pas très éloigné de plusieurs frontières (Allemagne et Suisse, notamment), a-t-il souligné. Des diffusions internationales ont bien entendu été réalisées pour faciliter leur localisation et leur appréhension". Toute personne ayant des informations est invitée à appeler le 0 800 36 32 68.
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