Cet article date de plus de quatorze ans.

Eric Woerth s'est dit "énormément soulagé" lundi suite à la publication du rapport de l'Inspection générale des finances

Publié dimanche par Bercy, ce rapport indique qu'Eric Woerth n'est "pas intervenu" dans le dossier fiscal de Mme Bettencourt quand il était ministre du Budget.Pas sûr pour autant que la pression retombe. Rendu public la veille de l'intervention du chef de l'Etat, le document avait été mis en cause avant même sa publication par l'opposition.
Article rédigé par France2.fr avec agences
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Eric Woerth, le 7 juillet 2010 (AFP - Eric Piermont)

Publié dimanche par Bercy, ce rapport indique qu'Eric Woerth n'est "pas intervenu" dans le dossier fiscal de Mme Bettencourt quand il était ministre du Budget.

Pas sûr pour autant que la pression retombe. Rendu public la veille de l'intervention du chef de l'Etat, le document avait été mis en cause avant même sa publication par l'opposition.

"L'inspection générale des finances a fait ce rapport de manière extraordinairement détaillée, très sérieuse (...) Les choses sont claires et c'est vrai que je suis énormément soulagé parce qu'enfin on me croit", a déclaré M. Woerth lundi matin sur Europe 1.

Ceux qui continueraient à l'accuser d'être intervenu oralement dans le dossier fiscal de Mme Bettencourt "ne connaissent rien à la procédure", a dit M.Woerth qui a assuré n'être "pas du tout affaibli ni physiquement ni moralement" pour mener la réforme des retraites, rappelant qu'il "croit beaucoup à cette réforme".

"Elle m'a été confiée, je n'ai pas de raison particulière de penser qu'elle pourrait ne plus l'être", a-t-il dit, affirmant qu'il avait "la confiance aussi des syndicats".

Une éventuelle démission d'Eric Woerth de ses fonctions de trésorier de l'UMP "n'est pas à l'ordre du jour", ont affirmé lundi les deux porte-parole du parti présidentiel Frédéric Lefebvre et Dominique Paillé.

Lundi matin, sur Europe 1, le ministre du Travail avait pourtant affirmé qu'il allait "réfléchir" sur ce point.

Le rapport

Selon les conclusions du rapport, Eric Woerth "n'est pas intervenu auprès des services placés sous son autorité pour demander, empêcher ou orienter une décision ou un contrôle portant sur Mme Bettencourt", milliardaire héritière de L'Oréal.

Le texte avance également que les informations transmises par le parquet de Nanterre au ministère du Budget alors dirigé par Eric Woerth n'étaient pas de nature à susciter le déclenchement d'une enquête sur la situation de la milliardaire.

Ce rapport avait été commandé le 30 juin par François Baroin, actuel ministre du Budget, à l'IGF - un corps chargé notamment de contrôler le fonctionnement de Bercy - et avait été personnellement confié au chef de l'IGF Jean Bassères. Pour le réaliser, il a dû traiter 6.500 dossiers en moins de 10 jours.

Eric Woerth est notamment soupçonné d'avoir fermé les yeux sur la situation fiscale de l'héritière de l'Oréal en raison de l'embauche de son épouse par le gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, Patrice de Maistre. Les enregistrements pirates pratiqués au domicile de Liliane Bettencourt suggéraient en effet des opérations financières pour échapper au fisc menées par Patrice de Maistre, patron de Florence Woerth depuis fin 2007.

Les réactions
Le premier ministre, François Fillon, a estimé lundi que le rapport de l'IGF démentait "l'essentiel" des accusations contre Eric Woerth, critiquant les réserves de l'opposition sur l'indépendance de cette administration ficale.

Le porte-parole de l'UMP, Frédéric Lefebvre, a jugé dimanche soir que le rapport de l'IGF mettait "un terme à la suspicion volontairement entretenue à l'encontre d'Eric Woerth et à des semaines de malveillance".

Mais la pertinence du rapport de l'IGF avait été mise en cause avant même sa publication par l'opposition doutant qu'un ministre se soit risqué à laisser des traces écrites d'une intervention et qu'une telle enquête puisse être menée en dix jours.

Pour le député socialiste Bruno Le Roux, il s'agit d'un "rapport partiel et partial" mené par un organisme interne et la justice doit absolument désigner un juge d'instruction pour "mener une enquête indépendante."

Il a souligné sur iTélé que de multiples interrogations demeuraient sur le ministre du Travail, dont le nom apparaît, selon lui, dans d'autres dossiers comme l'affaire Wildenstein du nom d'une autre grande famille fortunée.

Trois enquêtes préliminaires, dont deux susceptibles de viser Eric Woerth et son épouse Florence, ont été ouvertes par le parquet de Nanterre. Elles sont menées par le juge Courroye, donné comme proche du chef de l'Etat.

Syndicats de magistrats, dirigeants de gauche et l'ex-Premier ministre UMP Dominique de Villepin, réclament la désignation d'urgence d'un juge d'instruction, seul à même, à leurs yeux, de garantir l'impartialité de l'enquête. François Bayrou s'est joint dimanche à cette demande.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.