Environ un enfant sur 10 (11,7%) se dit harcelé, victime de violences physiques et verbales répétées, selon une étude
La violence se fait sentir par des agressions répétées allant du vol de goûter aux insultes et menaces, mais aussi aux coups, racket ou violences sexuelles.
Le ministre de l'Education nationale Luc Chatel installe mardi un "Conseil scientifique contre les discriminations à l'école", en particulier chargé de la lutte contre le harcèlement scolaire
D'après l'étude de l'Observatoire international de la violence à l'école pour l'Unicef, les phénomènes de "victimisation" restent néanmoins plutôt limités puisque près de neuf élèves sur dix (88,9%) déclarent se sentir "tout à fait bien" ou "plutôt bien" à l'école.
"Il n'y a pas de sentiment général d'insécurité à l'école. Mais il ne faut pas non plus minimiser le problème", a précisé Eric Debarbieux, directeur de l'Observatoire et auteur du rapport, mené en 2009-2010 auprès de 12.326 élèves de CE2, CM1 et CM2 de 8 à 12 ans, issus de 157 écoles de huit académies.
"Chaque petite agression a peu d'importance prise isolément, mais c'est la répétition qui fait que la situation devient grave", a expliqué M. Debarbieux.
Le taux d'élèves victimes de harcèlement physique est estimé à 10,1%, 71,8% des élèves interrogés n'étant pas victimes de violences et 18% l'étant occasionnellement.
67% des agressions physiques sont le fait de garçons contre 20% par des filles et 12% par des groupes mixtes.
Pour les violences verbales, près de deux tiers des élèves (65%) se disent pas ou très peu concernés comme victimes, tandis que 14,4% le sont modérément ou fréquemment.
Au total, 11,7% des élèves interrogés sont victimes de violences répétées à la fois physiques et verbales et deviennent les "boucs émissaires" ou "souffre-douleur" d'une classe, et ce, quelle que soit la sociologie de l'établissement.
"C'est un autre gros enseignement de l'étude: il n'y a pas plus de harcèlement dans les écoles classées ZEP (éducation prioritaire, les plus en difficulté) que dans les établissements normaux", ajoute M. Debarbieux.
L'étude met également en garde contre les conséquences scolaires (décrochage, absentéisme) mais aussi psychologiques à long terme. Une faible estime de soi et des tendances dépressives sont beaucoup plus fortes pour les adultes ayant été harcelés autrefois, selon le rapport.
"C'est un vrai problème de santé publique qu'il faut traiter de manière préventive", dit-il.
"Si les enseignants sont alertés et formés, le harcèlement a tendance à baisser, confirme dans une interview à l'AFP Jean-Pierre Bellon, co-auteur du livre "Harcèlement et brimades entre élèves".
Une sensibilisation précoce est nécessaire "car c'est souvent un phénomène qui naît à l'école primaire avant de se structurer à l'adolescence", ajoute-t-il.
Fin janvier, plusieurs personnalités, dont le pédopsychiatre Marcel Rufo, le sociologue, philosophe et écrivain Edgar Morin s'étaient alarmés, dans une lettre au ministre de l'Education nationale, des phénomènes de "souffre-douleur", de "bouc émissaire" et de brimades entre élèves.
Ils proposaient d"'organiser une consultation nationale permettant" de trouver des solutions.
La semaine dernière, le ministère a lancé une enquête de "victimation" dans le second degré, qui sera publiée tous les deux ans et concernera 18.000 élèves et personnels de 300 collèges.
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