La diffusion des enregistrements de Mohamed Merah crée la polémique
Après la diffusion sur TF1 d'extraits, la police des polices veut savoir s'il y a eu fuite de la part d'un policier, les familles des victimes veulent empêcher toute diffusion sur Internet.
L'Inspection générale de la police nationale (IGPN), la "police des polices", a ouvert deux enquêtes, une administrative et une autre pour "violation du secret de l'instruction" après la diffusion dimanche 8 juillet par TF1 des enregistrements audio entre policiers et Mohamed Merah durant le siège, a annoncé le ministère de l'Intérieur.
TF1 a diffusé pour la première fois, dans son émission "Sept à huit", des extraits des enregistrements audio où l'on entend le "tueur au scooter" dialoguer avec des policiers les 21 et 22 mars, et expliquer d'un ton posé, calme, ses crimes comme ses projets criminels à venir. La chaîne a affirmé disposer d'une bande de quatre heures et demie d'enregistrements.
• La police des polices enquête
Cette enquête administrative aura notamment pour objet de vérifier si ces enregistrements ont été fournis par des policiers. Pour l'heure, les victimes et leurs avocats n'ont pas eu accès à ces bandes. Une enquête pour violation du secret de l'instruction a été ouverte dimanche 8 juillet dans la soirée.
Dans un communiqué, le ministre de l'Intérieur Manuel Valls avait relevé que l'enregistrement réalisé durant le siège par la police n'avait "jamais été rendu public": "Il convient donc de s'interroger sur les moyens par lesquels le diffuseur a pu se procurer ledit enregistrement".
Manuel Valls avait regretté cette diffusion, jugeant qu'"aucune précaution n'(avait) été prise pour respecter les familles des victimes" du tueur au scooter.
• Les victimes demandent l'interdiction de la diffusion sur Internet
Les proches des victimes de Mohamed Merah vont saisir la justice en urgence pour obtenir l'interdiction de la diffusion sur internet des enregistrements des conversations entre le tueur au scooter et la police. "Cette diffusion est scandaleuse car elle donne la parole en dernier à Mohamed Merah, une parole mensongère et manipulatrice", estime l'avocat d'une des victimes, Me Patrick Klugman. "Le testament de Merah, ce sont ses crimes, pas ses paroles et nous ferons le nécessaire pour que cette diffusion ne se propage pas".
"Les victimes sont scandalisées d'apprendre le contenu de ces négociations à la télévision. A ce rythme, ce sont les vidéos des tueries qui se retrouveront sur la toile et l'atteinte sera alors irrémédiable" explique une autre avocate, Me Samia Maktouf.
L'avocat d'une des victimes, Me Simon Cohen a regretté que TF1 "n'ait pas prévenu les familles", "ne serait-ce que par humanité". La responsable du CRIF (conseil représentatif des institutions juives de France) en Midi-Pyrénées s'est dit "terrifiée".
• TF1 se défend
Joint par RTL, Emmanuel Chain, producteur de l'émission, se justifie : "Nous avons agi en responsabilité en diffusant un document à forte valeur d'information. Nous avons beaucoup réfléchi, décidé de diffuser ce document qui a une forte valeur d'information (...) On apprend comment Merah s'est formé avec Al-Qaïda, sa détermination, on apprend beaucoup de choses, il a été très contextualisé."
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