Dominique de Villepin, qui comparaissait dans l'affaire Clearstream, sera fixé sur son sort judiciaire le 14 septembre
Jeudi après-midi, Me Pardo a rejeté la responsabilité sur Jean-Louis Gergorin. "Imad Lahoud a reconnu être le détenteur des fichiers falsifiés, avoir ajouté le nom de Nicolas Sarkozy, (...) mais il n'a jamais, jamais reconnu être le falsificateur, le manipulateur du dossier Clearstream ", a-t-il plaidé.
Ce n'est "certainement pas le chef d'orchestre, l'organisateur de la manipulation", a ajouté Me Olivier Pardo.
En première instance en 2009, le tribunal correctionnel de Paris avait considéré que Jean-Louis Gergorin était le cerveau de la machination qui a consisté à ajouter des noms, dont celui de Nicolas Sarkozy, sur des listings bancaires, afin de les discréditer. Imad Lahoud n'aurait été que sa petite main.
C'est pourtant Imad Lahoud qui a écopé de la peine la plus lourde (18 mois ferme contre 15 mois ferme pour Jean-Louis Gergorin). C'est également la thèse défendue par le parquet général qui a requis lundi 15 mois ferme contre Imad Lahoud et 12 mois ferme contre son coprévenu.
La défense de Dominique de Villepin plaide la relaxe
Les trois avocats de Dominique de Villepin ont demandé mercredi "une relaxe franche et sans équivoque. "En première instance, le 28 janvier 2010, l'ancien Premier ministre avait été relaxé alors que 18 mois avec sursis et 45.000 euros d'amende avaient été requis contre lui.
Le parquet avait requis lundi 15 mois de prison avec sursis à l'encontre de Dominique de Villepin, accusé de "complicité de dénonciation calomnieuse" dans ce dossier. "Il est temps de mettre un terme à ce dossier", à "cette mascarade", a plaidé mercredi Me Olivier D'Antin. "Vous ne manquez pas de moyens, pour qu'enfin, on en finisse avec cette affaire", a-t-il dit aux trois magistrates de la cour.
"Votre rôle, c'est d'y mettre un terme, par une relaxe franche et sans équivoque". Car "votre robe, ce n'est pas le tablier de boucher", a-t-il ajouté, en faisant référence aux propos prêtés à Nicolas Sarkozy qui avait promis de pendre les coupables de la machination "à un croc de boucher".
"Je vous demande de relaxer M. Dominique de Villepin, je suis confiant, je sais que vous le ferez", a abondé son confrère Me Luc Brossollet.
La défense de Jean-Louis Gergorin
"Toute la falsification est mise en place, construite, conçue" durant les premiers mois de 2003, lorsqu'Imad Lahoud travaille pour la DGSE, une période durant laquelle "Jean-Louis Gergorin n'intervient d'aucune façon", a plaidé Me Thierry Dalmasso.
"Il ne peut être le cerveau d'une machination qui s'est faite en amont et en dehors de lui", a dit Me Dalmasso, en transformant sa plaidoirie en réquisitoire contre Imad Lahoud.
Pour sa part, Me Paul-Albert Iweins a regretté que le parquet général ait "dépeint un individu abominable et pervers: quand on ne peut pas démontrer une culpabilité, on tente de décrire une personnalité machiavélique!".
Les diplômes de Jean-Louis Gergorin ne l'ont malheureusement pas préservé d'Imad Lahoud, a-t-il dit, avant de faire le récit de gens illustres qui se sont laissé manipuler de tous temps, du mathématicien Michel Chasles au cardinal de Rohan. C'est simple, a-t-il conclu, "plus c'est gros, plus ça passe".
Protestant de la "bonne foi" de son client, il a sollicité sa relaxe. Jeudi après-midi viendra le tour des avocats de Imad Lahoud.
Le réquisitoire contre l'ensemble des prévenus
Le parquet général a requis lundi trente mois d'emprisonnement, dont 18 avec sursis, contre l'ancien vice-président d'EADS, Jean-Louis Gergorin, soit un an ferme.Trente mois de prison, dont 15 mois avec sursis, ont été requis contre le mathématicien Imad Lahoud.
L'avocat général Jean-Louis Perol a demandé en outre une peine d'amende de 45.000 euros contre MM. Lahoud et Gergorin.
En première instance, Jean-Louis Gergorin (ancien vice-président d'EADS) et Imad Lahoud (mathématicien), avaient été condamnés respectivement à 15 et 18 mois de prison ferme (plus une amende de 40.000 euros pour chacun).
Dominique de Villepin a estimé lundi soir que les 15 mois de prison avec sursis requis à son encontre s'expliquaient par le fait que le parquet était placé sous l'autorité de Nicolas Sarkozy.
"Après six années d'un lynchage politique, médiatique et judiciaire, après avoir été déclaré innocent en première instance, le ministère public persiste et signe", a dénoncé Dominique de Villepin en sortant de la salle d'audience à l'issue du réquisitoire.
"Tout ceci", a-t-il poursuivi, "serait incompréhensible si on oubliait que le ministère public est le représentant du garde des Sceaux, placé lui-même sous l'autorité du président de la République Nicolas Sarkozy".
"Vous me permettrez", a conclu l'ancien Premier ministre, "dans ces circonstances, de vous réaffirmer mon souci de me battre pour la justice et la vérité, mais bien plus ma détermination à combattre au service des Français."
L'affaire Clearstream est une vaste affaire de dénonciation calomnieuse au cours de laquelle des noms, dont celui de Nicolas Sarkozy, ont été ajoutés sur des listings bancaires afin de faire croire qu'ils trempaient dans de sombres affaires de corruption.
Villepin était-il au courant de la falsification des listings ?
Pour le parquet général, Dominique de Villepin était au courant de la fausseté des listings dès juillet 2004 et aurait donc pu mettre fin à la calomnie. Le ministère public, qui a fait appel de la relaxe de l'ancien Premier ministre, estime qu'il doit être condamné pour "complicité par abstention". Or, si la "complicité de dénonciation calomnieuse" existe bel et bien dans le code pénal, la "complicité par abstention" n'est qu'un concept juridique que la cour d'appel a toute liberté de suivre ou non.
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