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Do you speak english, mister president ?

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Do you speak english, Mister President ? (Julie Rasplus et Bastien Hugues)
Article rédigé par franceinfo
France Télévisions

Un célèbre institut de formation propose d'offrir un an de cours d'anglais au prochain locataire de l'Elysée. Il faut dire qu'en la matière, bon nombre de politiques français frisent le bonnet d'âne.

A dix jours du premier tour, un célèbre institut de formation a eu l'idée d'offrir un an de cours d'anglais au prochain président de la République, "pour lui permettre d’assurer son rôle de représentant international du mieux possible". Il faut dire qu'en la matière, les hommes politiques français méritent davantage un bonnet d'âne qu'un 20/20. Pénalisant ou sans importance dans une course à la présidentielle ? Réponse avec avec Christian Delporte, professeur d'histoire contemporaine, spécialiste de la communication politique.

FTVi : Est-ce qu'une maîtrise un peu trop approximative de l'anglais constitue un handicap pour les candidats à la présidentielle ?

Christian Delporte : Cela m’amuse toujours d’associer, dans la même phrase, "hommes politiques" et "anglais". Mais je ne pense pas que cela soit un handicap. En effet, un candidat à la présidentielle s’adresse et recherche la proximité avec le public français, qui, comme chacun sait, ne maîtrise pas l’anglais. Cependant, parler anglais peut être un avantage. Cela apporte une stature internationale et une image de modernité.

Une connaissance floue de l'anglais ne les décrédibilise-t-elle pas à l'étranger ?

Regardez Nicolas Sarkozy : il ne parle pas anglais mais cela ne l'a pas empêché de s'inscrire dans le paysage politique à l'étranger. Les dirigeants sont entourés de conseillers qui, eux, sont obligés de maîtriser cette langue pour signer les traités, négocier... Les hommes de pouvoir sont surtout là pour l'image.

Peut-être que leur niveau joue dans le domaine des relations avec leurs homologues étrangers. Mais cet aspect interfère peu dans le domaine public. La politique étrangère n'est jamais la dominante d'une campagne présidentielle. La grandeur et la fierté que l’on peut éprouver pour un candidat ne passe pas par cela en France. Cela passe par la stature du candidat, son charisme. 

Mais cette non-maîtrise fait beaucoup rire...

Oui, car nous avons la réputation de mal parler anglais. Et cela s’entend tout de suite à l’oreille. Il n’y a qu’à écouter François Bayrou... Il parle l’anglais comme tout le monde ! C’est aussi assez étrange car la plupart des hommes politiques ont fait des grandes écoles, comme Sciences-Po, l’ENA… Ils devraient maîtriser cette langue, mais ce n’est pas le cas.

Si on faisait de la politique-fiction, je dirais que la maîtrise de l'anglais aurait pu jouer en faveur de Dominique Strauss-Kahn car cela lui aurait permis d'appuyer sur sa dimension internationale, surtout en période de crise. Mais au final, les Français s'en fichent. 

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