Dix mille agriculteurs, céréaliers en tête, et plus de 1500 tracteurs ont manifesté mardi à Paris
Ils ont dénoncé la baisse de leur et la politique agricole européenne et réclament des allègements de charges.
L'an dernier, la filière a vu ses revenus baisser de 51% dans le sillage des cours des céréales (-24%), après l'envolée de 2007 et 2008.
Parfois vêtus de T-shirts marqués des mots "Fauchés comme les blés", armés de pancartes où l'on pouvait lire "Sarko veut nous faucher" ou "Touche pas à mon blé", les exploitants venus de toute la France ont défilé sous un soleil éclatant, dans un concert de klaxons et de pétards.
Organisée par les Fédérations régionales des syndicats d'exploitants agricoles (FRSEA) de quatorze régions avec le soutien de la FNSEA, premier syndicat agricole français, le but de la manifestation est d'obtenir des "mesures immédiates" pour donner un coup de pouce aux exportations et des aides de stockage, autant de mesures qui vont diminuer avec les évolutions actuelles de la PAC.
Les manifestants entendent aussi peser sur les pouvoirs publics pour qu'ils défendent à Bruxelles une PAC qui leur soit plus profitable.
Particulièrement touchés, les jeunes agriculteurs. Ils ont contracté d'importants emprunts pour s'installer et sont les plus menacés.
Bruno Le Maire compréhensif
"Je comprends parfaitement leur attitude, je comprends parfaitement leur désarroi mais ils ne doivent pas perdre espoir", a expliqué le ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire devant la presse, mardi, à la sortie du conseil des ministres.
"Je suis tout a fait disposé à recevoir les agriculteurs qui le souhaitent, je leur ai fait la proposition de les voir, soit aujourd'hui, soit dans le courant de la semaine. Ils savent qu'ils peuvent compter sur mon soutien total, sur le soutien du gouvernement et du président de la République", a-t-il ajouté.
"Il y a aujourd'hui une vraie souffrance de l'ensemble du monde agricole français et notamment des céréaliers qui manifestent aujourd'hui", a reconnu le ministre.
"On a mis sur pied un plan d'urgence qui a permis de mettre 1,8 milliard d'euros dans les trésoreries des exploitations et nous travaillons aujourd'hui, filière par filière, pour apporter des réponses concrètes", a-t-il souligné.
"Je suis intervenu hier (lundi) auprès de la Commission européenne sur le dossier des céréales pour leur demander d'augmenter le niveau d'intervention sur les marchés pour faire remonter le prix des céréales et je recevrai demain à Paris le commissaire européen à l'Agriculture Dacian Ciolos" a-t-il indiqué.
Il a aussi souligné que la loi de modernisation de l'Agriculture "devra aussi permettre d'apporter des résultats très tangibles pour moderniser l'agriculture française et aider les producteurs".
Organisation de la manifestation
Partis avec un peu de retard de la Place de la Nation, les quelque 1.300 tracteurs recensés par la police sont arrivés dans une ambiance très bon enfant vers 11h30 Place de la République où les ont rejoints plusieurs milliers d'agriculteurs pour couvrir la dernière partie du parcours, de la République à la Nation
Plus tôt dans la matinée, les tracteurs étaient entrés dans Paris par la porte de Vincennes, après avoir franchi plusieurs péages de banlieue. Placés en files indiennes et encadrés par des motards de la police, les convois s'étiraient sur des kilomètres sur les autoroutes autour de la capitale, arborant des panneaux où était écrit "Détresse agricole", "agriculteurs en colère" ou encore "tous à Paris".
Beaucoup d'entre eux partis la veille de 14 régions de France, ont dormi chez des collègues exploitants en Ile-de-France.
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