Didier Lombard, appelé à quitter en mars son poste de PDG de France Télécom, sera remplacé par Stéphane Richard
C'est l'actuel numéro deux du groupe qui lui succédera, environ un an avant la date prévue. La nouvelle a été bien accueillie par les syndicats de France Télécom.
Déstabilisé par une série de suicides de salariés, Didier Lombard, 67 ans, explique dans un entretien au Figaro mardi avoir pris sa décision "dans l'intérêt du groupe".
"Ma décision a été prise dans l'intérêt du groupe. Avec Stéphane Richard, nous allons unir nos efforts pour donner le nouvel élan attendu par les salariés", souligne M. Lombard.
Evoquant la crise sociale liée aux suicides de salariés (35 en deux ans, selon les syndicats), il indique: "il nous faut sortir par le haut de cette crise, c'est pour cela que nous bâtissons un nouveau projet d'entreprise qui sera axé sur plusieurs grands chantiers, notamment le déploiement des nouveaux réseaux fixes et mobiles et un meilleur service aux clients".
"C'est un projet pour les trois/quatre années à venir. Celui qui va le mener doit avoir dès maintenant le mandat correspondant", ajoute-t-il. "Stéphane Richard aura 100% des commandes opérationnelles", déclare M. Lombard. "Il n'y a aucune opposition entre nous. Nous réfléchissons et travaillons ensemble, nous formons une équipe, un tandem", insiste M. Lombard.
Interrogé sur d'éventuels regrets, M. Lombard répond: "Bien sûr, au-dessus de tout, celui de ne pas avoir pu éviter la crise sociale". "J'aurais certainement dû agir plus tôt (...) Nous avons pris le problème à bras le corps. Mais sans doute aurions nous dû, dès le mois d'août, appliquer les mesures que nous avons mises en oeuvre en octobre", dit-il. "Mais sur ces sujets humains extrêmement sensibles, il est très difficile d'évaluer la profondeur des choses", ajoute-t-il.
Didier Lombard note dans le Figaro qu'à son arrivée à la tête de l'opérateur en février 2005, "France Télécom croulait sous sa dette. Cinq ans plus tard, l'entreprise est toujours là, leader sur tous ses marchés en France, (...) la dette a diminuée de 30% et nous dégageons l'un des meilleurs rendements du CAC 40" malgré la concurrence.
Le départ anticipé de Lombard bien accueilli par les syndicats
Pour les syndicats CGT, Sud, CFDT et CGC de France Télécom, c'est "une bonne chose": "il faut que les ruptures soient effectuées", a dit Pierre Dubois, délégué CFDT, en soulignant qu'il est "important de remettre au centre des préoccupations notre qualité de service, la qualité des lignes téléphoniques".
"En tête des dossiers les plus urgents, il y a la nécessité de retrouver un projet industriel qui permette aux salariés de se retrouver dans l'entreprise", a renchéri Sébastien Crozier, élu CFE-CGC au Comité central d'entreprise.
Plusieurs syndicalistes s'étaient dernièrement dits "agréablement surpris" par ses premières déclarations. En acceptant de recevoir tous les syndicats mercredi, M. Richard "n'arrêtait pas de faire des déclarations en décalage avec celles de Didier Lombard ", a observé Patrick Ackerman, délégué syndical Sud.
"Il s'est présenté comme un homme neuf avec des propos plutôt rassurants: reconquête des clients, sur des notions de qualité de service", a ajouté la même source.
"On nous a annoncé lundi dernier 3.500 créations d'emploi pour 2010, dont 1.500 de reprise d'activités auparavant confiées à la sous-traitance, cela incluait certes déjà 500 créations de poste annoncées en novembre mais c'est la première fois que le groupe fait une annonce de cette envergure", s'est réjoui M. Ackerman.
Didier Lombard : portrait
Lorsqu'il a succède à Thierry Breton, nommé ministre de l'Economie, M. Lombard, alors inconnu du grand public, est loin de faire l'unanimité. Beaucoup ne le voyait que comme un pape de transition, pas assez expérimenté et manquant de poigne.
Ses connaissances du secteur sont pourtant indiscutables: né le 27 février 1942 à Clermont-Ferrand, Didier Lombard est diplômé de l'Ecole Polytechnique et de l'Ecole nationale supérieure des télécommunications.
De 1991 à 1999, il est directeur général des stratégies industrielles à Bercy, un poste clé qui lui permet de se constituer un réseau et une parfaite connaissance de l'outil industriel... avant de revenir chez France Télécom en 2003 comme directeur général exécutif.
En quelques années, il a fait de France Télécom un poids lourd international du secteur, rompant avec le côté défensif de l'opérateur historique pour se tourner davantage vers l'innovation.
Le groupe a également assaini ses comptes, avec une dette de 35,9 milliards d'euros fin 2008, contre 68 milliards avant son arrivée.
Mais cet effort a un prix: le groupe, qui emploie 102.254 salariés, dont 70% de fonctionnaires, a supprimé 16.000 emplois entre 2006 et 2008. Et quand une série de suicides touche les salariés du groupe (32 entre janvier 2008 et décembre 2009) plusieurs syndicats réclament son départ.
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