Des députés UMP voulaient supprimer la rémunération du président de l'Agence du service civique
Bernard Debré, Louis Giscard d'Estaing et Nicolas Dhuicq entendaient "réduire à un niveau symbolique" les émoluments de l'ex-haut commissaire aux Solidarités actives.
Une opération de représailles après la parution de son livre sur les conflits d'intérêts, selon Martin Hirsch. L'amendement a finalement été retiré à la demande du gouvernement
Les trois parlementaires avaient déposé un amendement en ce sens au budget 2011. Il visait à transférer "160.000 euros" de crédits alloués à l'Agence du service civique vers ceux dévolus au sport. Déposé sous la houlette du patron de l'UMP, Jean-François Copé, l'amendement a été examiné pendant l'examen des crédits "Sport, jeunesse et vie associative".
"Il nous semble opportun de réduire cette rémunération" du président de l'Agence "à un niveau symbolique afin de redéployer ces crédits à des actions concrètes en faveur du sport pour les jeunes", soulignaient ses auteurs. Ils faisaient valoir que la rémunération de la présidence de cette agence fait "exception" aux autres "groupements d'intérêt public (GIP) comme le GIP Info retraite, le GIP Enfance en danger ou le GIP Agence française pour le développement et la promotion de l'agriculture biologique".
Le secrétaire d'Etat à la Jeunesse, Marc-Philippe Daubresse, a dit vouloir aborder le débat "de manière dépassionné". Il a demandé le retrait de cet amendement, mettant en avant le fait que la rémunération avait été fixée "par un décret examiné dans des conditions transparentes", "normales", qui "a fait l'objet d'une discussion interministérielle". "Et cela me poserait un gros problème de ne plus avoir 160.000 euros dans mon budget", a-t-il poursuivi sur un ton humoristique.
L'Agence du service civique a été créée par la loi du 12 mai 2010. Laquelle prévoit que "le président peut percevoir une rémunération dont le montant est fixé par décision des ministres chargés du budget et de la jeunesse". Martin Hirsch percevrait environ 9.200 euros net par mois.
Pour en finir avec les conflits d'intérêts ?
Les députés UMP "instrumentalisent la loi pour faire régner la loi du silence", s'est insurgé Martin Hirsch. Dans son livre "Pour en finir avec les conflits d'intérêts", il épinglait notamment Jean-François Copé pour ses activités d'avocat d'affaires et le président du groupe UMP au Sénat, Gérard Longuet. Le président du groupe UMP à l'Assemblée avait alors dénoncé un "exercice de délation". Il avait accusé Martin Hirsch d'avoir pratiqué "le plus joli conflit d'intérêts" en faisant voter la loi prévoyant la création de l'Agence qu'il devait ensuite diriger.
"On m'accuse de crime de lèse-conflit d'intérêts. La prochaine étape sera-t-elle la déchéance de ma nationalité française puisque cette offensive fait suite à celle selon laquelle on voudrait que je n'aie pas le droit de parler de conflits d'intérêts parce que mes parents ont été des réfugiés pendant la guerre ?", s'interroge encore Martin Hirsch.
Nicolas Dhuicq, signataire de l'amendement, dit s'en être entretenu avec Jean-François Copé. "Cela s'inscrit dans l'optique [de ce dernier] de moraliser la vie publique", a précisé le député de l'Aube, membre du club politique Génération France, créé par le président de son groupe. "Cette initiative est totalement assumée. Elle vise à démontrer qu'il n'y a pas d'automaticité à la rémunération des dirigeants de GIP. Il s'agit aussi de montrer que la rémunération de M. Hirsch est largement supérieure à celle d'un député", dit-on dans l'entourage de M. Copé.
"Je n'ai aucun intérêt financier à être à l'Agence. Je ne suis pas plus rémunéré qu'il y a dix ans, dans mon corps d'origine, le Conseil d'Etat", a rétorqué Martin Hirsch.
Lire aussi: "Conflit d'intérêt: le réquisitoire de Martin Hirsch"
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