Depuis ce mercredi, le Revenu de solidarité active est étendu, sous de strictes conditions, aux moins de 25 ans

Les jeunes peuvent désormais déposer leur dossier de demande de Revenu de Solidarité active (RSA) dans leur caisse d'allocations familiales (Caf).

Or il faudra répondre à un critère strict: avoir travaillé l'équivalent de 2 ans au cours des 3 dernières années, ce qui pourrait réduire les bénéficiaires à quelques dizaines de milliers de jeunes.

Les jeunes figurent parmi les premières victimes du chômage et de la pauvreté. Le RSA, qui a remplacé le RMI à l'été 2009, n'était ouvert auparavant qu'aux plus de 25 ans, ce que dénonçaient nombre d'associations et de syndicats. Mais les strictes conditions d'accès au RSA limitent la portée de cette aide auprès des jeunes.

Alors que le gouvernement avançait 160.000 bénéficiaires potentiels pour un coût de 250 millions d'euros en année pleine, seuls 20 millions d'euros ont été budgétés d'ici la fin de l'année. Selon les calculs du Parti socialiste, cela permet seulement de verser une prestation à moins de 15.000 personnes, a déclaré le député PS Christophe Sirrugue, rapporteur de la mission Solidarité pour la loi de finances 2011.

On compte 5,5 millions de 18-24 ans en France. Selon l'Insee, plus de 20% des 18-25 ans vivent sous le seuil de pauvreté (910 euros mensuels) contre 13,4% tous âges confondus (chiffres 2007, derniers disponibles). Près du quart des actifs de moins de 25 ans sont au chômage.

Nicolas Sarkozy avait annoncé en septembre 2009 l'extension du dispositif aux plus jeunes, mais avec des conditions très strictes: avoir travaillé l'équivalent de deux ans au cours des trois dernières années.

Les jeunes gens qui pensent répondre aux critères peuvent faire une "simulation" sur le site internet des Caf pour voir s'ils ont droit à la prestation ou appeler le 3939 ("Allo service public").

Comme le RSA normal, le RSA "jeunes" se décompose en deux parties: une allocation de base, dit "RSA socle", qui ne fait que remplacer le Revenu minimum d'Insertion (RMI), et une allocation qui complète, sans limite de durée, de faibles revenus du travail. Il est versé au début du mois: les bénéficiaires du RSA "jeunes" recevront début octobre leur RSA de septembre.

Le PS n'est pas seul à penser que les conditions d'attribution "excluent énormément de jeunes". C'est aussi ce qu'a déploré ces derniers jours aussi Julien Bayou, conseiller régional d'Ile-de-France et cofondateur de Génération précaire. "On sait depuis le départ que cela ne touche qu'une frange très limitée de jeunes", a abondé Pierre Saglio, président d'ATD-Quart Monde. Selon Yannick L'Horty, économiste au Centre d'études de l'emploi, "on va vraisemblablement compter quelques dizaines de milliers de bénéficiaires maximum tant la prestation est hypercatégorielle". Car pour Hervé Garnier, de la CFDT, avoir travaillé deux ans sur les trois dernières années, "c'est énorme" quand on a moins de 25 ans.