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Dans quelles conditions vivent les 30 000 enfants SDF en France ?

Eric Pliez, directeur général de l'association Aurore, revient sur leur hébergement et leur prise en charge.

Article rédigé par Héloïse Leussier - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des familles attendent pour retirer leur dossier de demande de logement, le 2 janvier 2008 à la préfecture de Paris. (MARTIN BUREAU / AFP)

Les chiffres publiés par l'Insee lundi 1er juillet ont apporté leur lot de mauvaises nouvelles. D'abord, le nombre de personnes sans domicile fixe a pratiquement doublé par rapport à 2001 en France. Puis ce chiffre glaçant : sur les 141 500 SDF recensés l'an dernier, au moins 30 000 sont des enfants. De plus en plus de familles font donc appel à l'hébergement d'urgence. Pour mieux comprendre cette situation, francetv info a interrogé Eric Pliez, directeur général de l'association de lutte contre l'exclusion Aurore.

Francetv info : D'après l'Insee, il  y a 30 000 enfants sans domicile fixe en France. Cela vous surprend-il ?

Eric Pliez : Ce n'est pas surprenant au regard de ce qu'observe notre association sur le terrain. Parmi les publics que nous aidons, il y a de plus en plus de familles en détresse. Il s'agit principalement de femmes seules avec un ou plusieurs enfants. S'ils ont moins de trois ans, ce sont les départements qui les prennent en charge. S'ils sont plus âgés, c'est l'Etat. Dans un cas comme dans l'autre, une augmentation des situations de précarité a été observée. Il faut savoir que sur les 22 000 nuits d'hôtel financées chaque jour par le Samu social de Paris, 80% sont occupées par des femmes seules avec enfants.

Dans quelles conditions vivent ces familles ?

Elles sont prises en charge plus facilement et rapidement que les autres personnes sans domicile. Mais la solution qui leur est trop souvent proposée, l'hôtel, n'est pas adaptée. Ce n'est pas un lieu pour élever des enfants ! Une famille logée à l'hôtel, cela veut dire la promiscuité, l'impossibilité de préparer des repas chauds et l'absence d'espaces de jeu ou de travail pour les enfants. 

Comme l'indique l'Insee, la moitié environ des familles sont étrangères. Il s'agit en grande partie de familles qui ne sont pas régularisées, mais pas expulsables puisqu'elles ont des enfants nés en France. Les loger à l'hôtel ne favorise pas leur intégration. D'autant plus qu'elles sont parfois ballottées d'un hôtel à l'autre, par exemple entre Paris et ses banlieues éloignées. L'hébergement en hôtel est la pire des formules pour l'épanouissement et la scolarité des enfants. 

Quelles solutions peuvent être mises en place ?

Le problème c'est qu'au départ, l'hébergement d'urgence n'avait pas vocation a accueillir des familles. Il a fallu s'adapter. L'association Aurore a par exemple ouvert un centre d'accueil pour les femmes avec enfants dans une ancienne gendarmerie du Val-de-Marne. Il s'agit d'appartements mis à disposition des familles, avec cuisines et sanitaires collectifs. Ces conditions d'accueil sont plus humaines et mieux adaptées à leur situation. L'intermédiation locative, qui consiste à mettre des appartements du parc privé à disposition des familles, est aussi une solution à privilégier. 

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