Réforme constitutionnelle : "Le gouvernement a pris en considération les aspirations du peuple corse", selon le maire LREM de Bonifacio
La spécificité corse devrait bientôt être inscrite dans la Constitution. Le maire de Bonifacio, Jean-Charles Orsucci, estime lundi sur franceinfo qu'il s'agit "déjà une avancée considérable".
"Ce qui a été proposé par le gouvernement est une avancée historique", assure Jean-Charles Orsucci, maire LREM de Bonifacio, lundi 2 juillet sur franceinfo. "Le gouvernement a pris en considération les aspirations du peuple corse", affirme-t-il, alors que le président du conseil exécutif de Corse Gilles Simeoni est reçu par le Premier ministre à Matignon dans l'après-midi. La rencontre est en revanche boycottée par Jean-Guy Talamoni, le président de l'assemblée de Corse. La spécificité corse devrait bientôt être inscrite dans la Constitution mais ce futur article ne suffit pas aux autonomistes et indépendentistes, qui dénoncent le mépris du gouvernement et l'absence d'une négociation loyale.
franceinfo : Que pensez-vous des négociations ?
Jean-Charles Orsucci : Nous pensons que l'inscription de la Corse dans la Constitution à travers un article spécifique est déjà une avancée considérable. Pour notre groupe en Corse, nous souhaitions aller plus loin dans l'autonomie. On avait défendu davantage d'autonomie au sein de la République, mais aujourd'hui on doit considérer que ce qui a été proposé par le gouvernement est une avancée historique. J'en veux pour preuve que l'amendement déposé par les Républicains au parlement [qui refuse de modifier à nouveau le statut à la Corse] montre bien que les forces jacobines sont aujourd'hui à l'œuvre dans notre pays et que Jean-Guy Talamoni et la majorité territoriale doivent intégrer cet élément dans leurs réflexions. La France reste un pays jacobin pour pas mal de ses élites politiques. Cette avancée portée par le gouvernement et le président de la République est déjà un point fort pour notre île.
Que va changer concrètement cette inscription ?
Il faudra attendre la loi organique qui va en découler, pour permettre que demain, des mesures puissent être prises en Corse pour nous permettre de répondre à nos contraintes, notamment l'insularité, le caractère montagneux de notre île, l'éloignement, qui fait qu'aujourd'hui certains domaines de compétences ne peuvent pas être traités de la même façon à Quimper, à Sochaux et à Bastia ou Bonifacio. On sait que le Conseil constitutionnel s'est opposé à des réformes réglementaires et législatives parce que cette reconnaissance, cette spécificité de l'insularité n'avait pas été prise en considération dans la Constitution.
Les électeurs corses ont donné une majorité au mouvement nationaliste et donc à ses revendications. Pensez-vous que le gouvernement en tienne compte ?
Le gouvernement à travers cette réforme constitutionnelle et cette proposition a pris en considération le vote du mois de décembre. Lors de son discours de campagne présidentielle, Emmanuel Macron s'était contenté d'évoquer une possibilité de transformer la Constitution. Après l'élection du mois de décembre, il a carrément franchi le pas et mis en œuvre cette réforme constitutionnelle. C'est une avancée pour les girondins que nous sommes et elle est significative. On n'est pas surpris que Jean-Guy Talamoni ou Gilles Simeoni ne soient pas satisfaits. Nous pensons aujourd'hui que le gouvernement a pris en considération les aspirations du peuple corse qui se sont manifestées au mois de décembre. C'est une erreur de la part du président de l'assemblée de Corse de ne pas participer à ces discussions. Il faut travailler main dans la main avec le gouvernement.
Quelle est la prochaine étape ?
Le prochain pas, c'est quand la majorité territoriale actuelle, et de façon générale la Corse, aura mis en œuvre les compétences et aura fait la démonstration qu'elle doit connaître une évolution supplémentaire pour être encore plus efficace. À ce moment-là, je suis convaincu que le gouvernement ou la République prendra en considération les blocages que nous rencontrons pour permettre une avancée, peut-être encore plus importante, en matière de transfert de compétences dans des domaines qui aujourd'hui restent du niveau étatique.
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