Un score historique. En Corse, la coalition nationaliste Pè a Corsica menée par Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni a remporté, le 10 décembre, les élections territoriales pour la nouvelle collectivité unique, avec près de 57% des suffrages. C’est une victoire pour le mouvement nationaliste corse, qui s’entérine un peu plus dans les institutions de l’île de beauté. « Il y a eu quarante ans d’histoires extrêmement douloureuse avec des drames, avec des morts des deux côtés » déclarait il y a deux mois Gilles Simeoni sur le plateau de "C Politique". Après quarante ans de lutte, les nationalistes ont finalement gagné les cœurs et les esprits. Leur mode opératoire : les « nuits bleues »Le 22 août 1975, des militants de l’Action pour la Renaissance de la Corse (ARC), un groupuscule dirigé par le médecin Edmond Simeoni, occupent alors la ferme d’un viticulteur pied-noir, à Aléria en Haute-Corse. Armés de fusils de chasse, les militants exigent que soient mieux pris en considération les intérêts des Corses, comme le justifiait Edmond Simeoni : « Il n’y pas d’esprit de provocation, il y a simplement la volonté affirmée (…) d’élargir la lutte pour la corsication des emplois, la défense de l’identité culturelle, la charte de retour des exilés ». L’armée est envoyée pour les déloger. Deux gendarmes trouveront la mort dans l’assaut.Un an plus tard, le Front de Libération Nationale Corse (FLNC) est créé. Les « nuits bleues » deviennent leur mode opératoire : des attentats simultanés à l’explosif contre des banques, des bâtiments administratifs et des résidences secondaires. Le 6 février 1998 a lieu un attentat sans précédent en Corse, le préfet Erignac est assassiné en plein centre d’Ajaccio. Face aux violences du FLNC, l’État reste inflexible comme le rappelle Jacques Chirac lors de la campagne présidentielle de 2002 « La Corse et les Corses ont besoin que soit mis définitivement un terme à la violence qui sape les fondements mêmes de la paix sociale sur l’île ». Le chef de l’État douche les espoirs autonomistes, ce qui ne va pas pour autant freiner les « natios » dans leur lutte. En 2012, une vingtaine d’attentats sont perpétrés contre des résidences secondaires, dans la nuit du 7 au 8 décembre. Le FLNC décide néanmoins de changer de stratégie quelques temps plus tard.Après la lutte armée, le combat politiqueLe 25 juin 2014, le FLNC dépose les armes pour apparaître au grand jour. Un an plus tard, les nationalistes emmenés par Gilles Semeoni, alors maire de Bastia, prend la tête de la région. Pour lui, la lutte armée, c’est du passé et aucun retour en arrière n’est possible. Place désormais au combat politique : « Ce chemin c’est celui de la paix, c’est celui de l'émancipation politique économique sociale et culturelle. » confiait-il.En remportant les élections territoriales pour la nouvelle collectivité unique, la coalition nationaliste ne réclame cependant pas l’indépendance de l’île, du moins pour l’instant. Toutefois, elle espère pouvoir créer d’ici trois ans « un statut d’autonomie de plein droit et de plein exercice » et sa mise en œuvre effective dans les dix ans.