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"Fermeté républicaine" d’Emmanuel Macron à Bastia : les nationalistes corses s'estiment méprisés et n’entendent pas en rester là

Emmanuel Macron a affiché lors de sa première visite en Corse une "fermeté républicaine", rejetant mercredi dans un discours à Bastia les revendications des nationalistes. Ces derniers ont laissé entendre qu’ils pourraient appeler à de nouvelles manifestations.

Article rédigé par Julie Marie-Leconte
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Gilles Simeoni, à gauche, et Jean-Guy Talamoni, après le discours d’Emmanuel Macron à Bastia le 7 février. (CHRISTOPHE PETIT TESSON / AFP)

Pas d’amnistie des prisonniers que les indépendantistes appellent "politiques", pas de statut fiscal de résident corse, ni de co-officialité de la langue corse. Au cours de ses deux  jours de déplacement sur l'île, Emmanuel Macron a affiché une "fermeté républicaine" face aux nationalistes corses, élus en décembre à la tête de la nouvelle collectivité unique.

Une seule concession

Le président de la République n’aura fait qu’une seule concession en acceptant d’envisager que le statut de la Corse figure dans la Constitution, dix minutes avant la fin de son discours mercredi 7 février. "Je vous annonce solennellement aujourd’hui que je suis favorable à ce que la Corse soit mentionnée dans la Constitution", a-t-il déclaré. Jacqueline Gourault applaudit : "C’est la première fois qu’un président de la République dit qu’il envisage d’inscrire la Corse dans la Constitution", assure la "Madame Corse" du gouvernement.

Sauf que l’annonce est formulée sans grande conviction. "Depuis 1982, poursuit le président, nous en sommes au quatrième statut. Si les évolutions statutaires ou institutionnelles réglaient tous les problèmes, nous l’aurions vécu !"  Elle s’accompagne même d’un sermon : "Penser que le cœur de la bataille est d’aller négocier de nouvelles évolutions institutionnelles avant d’aller exercer les responsabilités qu’on a, je ne saurais vous y encourager."  

Humiliation et condescendance

Les  nationalistes, élus sur un programme qui revendique l’autonomie, jugent le ton condescendant : Emmanuel Macron fait une concession, mais aussi, en somme, la leçon. L’indépendantiste Jean Guy Talamoni parle même d’humiliation. "Manifestement, Paris ne fait guère de cas du suffrage universel lorsqu’il se déroule en Corse, dénonce le président de l’Assemblée de Corse. C’est un moyen d’humilier non seulement les responsables élus, et cela n’a pas beaucoup d’importance, mais surtout le peuple corse dans sa globalité. Et cela, ça en a davantage…"

Car sur toutes les autres revendications, le président a opposé un refus net. Ainsi en est-il allé du statut fiscal de résident, pour protéger les Corses de la spéculation, que le président a qualifié d’"impasse juridique" et de "mauvaise réponse". Idem pour la co-officialité de la langue corse. "Le bilinguisme n’est pas une nouvelle frontière dans la République. Dans la République française, il y a une langue officielle et c’est le français", a-t-il dit. La veille, Emmanuel Macron avait déjà fermé la porte à l’idée de toute amnistie, ainsi qu’à celle du rapprochement des prisonniers.

Une occasion manquée

"Le président de la République aurait pu s’affirmer comme l’homme d’État capable d’enraciner la paix, de construire la réconciliation, conclut Gilles Simeoni, le président de l’exécutif corse. Il a choisi de ne pas le faire : c’est une occasion manquée." Dès mercredi soir, les nationalistes laissaient entendre qu’ils pourraient appeler à de nouvelles manifestations.

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