En Corse pour le grand débat, Macron reproche aux nationalistes de ne pas avoir exprimé de regrets pour l'assassinat du préfet Erignac
La visite du chef de l'Etat pour la dernière étape du grand débat est marquée par des tensions avec les dirigeants nationaliste de l'île, qui boycottent la réunion et ont appelé à une journée "île morte".

La visite se fait dans un contexte tendu. Emmanuel Macron rencontre des maires à Cozzano (Corse-du-Sud), jeudi 4 avril, pour sa 15e et dernière réunion dans le cadre du grand débat national. Les dirigeants nationaliste de l'île Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni, qui ne se sont pas rendus à cette réunion, ont appelé une opération "île morte", une première depuis des années.
Dans ses réponses à l'assistance, Emmanuel Macron a estimé que "les Corses méritent mieux que des guerres de tranchées", et a déploré que les nationalistes n'aient pas exprimé de "regrets" au sujet de l'assassinat du préfet Claude Erignac en 1998.
"Isula morta". Précédé d'un gros dispositif de sécurité, le chef de l'Etat a atterri vers 11 heures. Il se rend dans le village de Cozzano, pour rencontrer des maires corses. La coalition nationaliste Pè a Corsica a appelé à une demi-journée "isula morta" ("île morte") pendant le débat. Le puissant syndicat des travailleurs corses STC a demandé à ses membres de venir à midi avec des drapeaux corses devant la préfecture d'Ajaccio et la gare de Bastia. Des militants nationalistes ont aussi collé des drapeaux corses tout au long du parcours qu'Emmanuel Macron devait emprunter pour rejoindre la préfecture. Initialement, il avait en effet été envisagé qu'il y dorme mercredi soir.
Dialogue impossible. Les dirigeants nationalistes Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni ont invité le chef de l'Etat à s'exprimer devant les élus de l'Assemblée de Corse, mais il a aussitôt refusé, tout en leur proposant de les rencontrer à Cozzano ou ultérieurement à Paris. Une "rebuffade" pour les nationalistes qui eux aussi assurent chercher le dialogue. Conséquence, jeudi après-midi, non seulement les parlementaires nationalistes seront absents, mais aussi une bonne partie des maires. Sur les 360 invités, 150 seulement ont répondu présent, autant pour des raisons politiques que pratiques.
Quels sujets aborder ? Avec les maires présents, Emmanuel Macron compte de préférence aborder d'abord les problèmes quotidiens plutôt que les revendications jugées "totémiques" des nationalistes : autonomie, obligation de la langue corse jusqu'en terminale ou retour des prisonniers détenus sur le continent.