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Document franceinfo Gérald Darmanin en Corse : "La main tendue par le gouvernement attend d'être serrée", explique le ministre de l'Intérieur

Dans un entretien exclusif accordé à franceinfo, Gérald Darmanin, en déplacement en Corse, réitère les propositions de discussion du gouvernement sur l'autonomie de l'île avec les élus corses.

Article rédigé par franceinfo - Paul Barcelonne
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Le ministre français de l'Intérieur et de l'Outre-mer Gérald Darmanin serre la main de la présidente de l'Assemblée de Corse Marie-Antoinette Maupertuis, à Ajaccio  en Corse,  le 6 février 2023. (PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP)

Une "main tendue" pour tourner la page de la violence : 25 ans après l'assassinat du préfet Claude Erignac, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin est en déplacement en Corse. Lundi 6 février, lors des commémorations à Ajaccio, il a assuré que le gouvernement "tend la main aux innombrables Corses de bonne volonté, épris de paix et de fraternité" pour "tracer ensemble" une "route institutionnelle, économique, culturelle" et "pour la cause de la paix". Le ministre s'est confié à franceinfo. Il explique ce qu'il entend sur cette "nouvelle page", selon lui, des relations entre la République et la Corse, et sur cette "main tendue par le gouvernement" en direction des élus nationalistes de Corse, qui est "une main qui attend d'être serrée".

franceinfo: Lors de la cérémonie de commémoration de l'assassinat de Claude Erignac, vous avez déclaré vouloir ouvrir une "nouvelle page" des relations entre la France et la Corse. Qu'avez-vous voulu dire ?

Gérald Darmanin : J'ai essayé d'ouvrir les mains du gouvernement. À la demande du président de la République, j'ai redit que nous tendions la main une nouvelle fois à la Corse, aux élus corses. Nous savons tous que le Conseil exécutif corse est nationaliste et souhaite une large autonomie de la Corse. Nous leur disons depuis longtemps que nous souhaitons travailler après avoir entendu le vote des électeurs en Corse. Malheureusement, nous constatons que malgré des ouvertures sans précédent de la part d'un gouvernement, par exemple lorsque j'ai évoqué le mot "autonomie", non pas parce que je la souhaite, mais parce que nous disons que nous pouvons en discuter, nous nous apercevons qu'en face de nous, nous n'avons pas beaucoup de répondant. Il y a toujours des bonnes raisons de ne pas aller plus en avant des discussions très sérieuses que nous devons avoir sur le droit, sur l'économie, sur le social, sur la culture, sur quel type d'autonomie nous voulons. Nous leur disons que nous devons nous réunir autour de la table et que nous devons désormais discuter. Ils doivent comprendre que la main tendue par le gouvernement est une main qui attend d'être serrée.

Est-ce que le climat est propice à ce que cette main soit serrée ?

J'ai moi-même dit qu'il y avait une décennie sanglante ici en Corse. Le préfet Erignac en est un symbole, mais il y a eu encore très dernièrement des violences extrêmement fortes. Nous voyons bien que même si la paix civile est officielle sur l'île, il existe ici ou là, et le ministre de l'Intérieur est bien placé pour le savoir, des résurgences de reprise de lutte armée de bandes qui veulent faire vivre la violence plutôt que la démocratie. Nous devons tous, à mon avis, être très attentifs à cela pour éviter de revenir sur des braises. Nous leur disons que oui, c'est peut-être le moment de pouvoir rediscuter. Je pense qu'il faut désormais comprendre que la balle est du côté de ceux qui veulent une évolution institutionnelle sur l'île dans la République. La France a toujours dit "dans la République", car il ne peut pas y avoir plusieurs types de citoyens en France. La République peut entendre beaucoup de choses. En tout cas, le président de la République le souhaite. Encore faut-il que des gens se mettent de l'autre côté de la table pour en discuter sérieusement. Il ne suffit pas de faire des slogans ou des graffitis pour le réclamer. Il faut donner à une île de plus de 300 000 habitants une évolution et un avenir possible en matière de logement, d'économie, de social, de culture.

Le retour de cette violence nationaliste sur l'île est-il quelque chose qui vous inquiète ?

Il faut toujours faire très attention. Que voyons-nous ? Nous voyons d'abord qu'ici en Corse, les partis que nous appelons des partis de gouvernement n'existent plus beaucoup, voire plus du tout. L'ensemble des élus dont on entend la voix sont des élus nationalistes, avec évidemment différents degrés de nationalisme. Le plus légitime d'entre eux, puisqu'il a été deux fois élu, est le président Gilles Simeoni. Hormis le président Simeoni, hormis les élus nationalistes, il n'y a pas grand-chose. Il y a les maires. J'ai déjeuné ce lundi midi avec une trentaine de maires, je les rencontre souvent. Souvent, ces maires sont républicains et ont un attachement profond à la France. Cependant, en Corse, à part les deux grandes villes, il y a beaucoup de petites communes qui ne se font pas souvent entendre. La difficulté que nous avons aujourd'hui, c'est que vous ne discutez qu'avec les élus nationalistes car il n'y a quasiment qu'eux qui se font entendre ou qui sont élus par les Corses eux-mêmes. Oui, c'est une difficulté. Si nous ne discutons pas d'avenir avec eux, il se peut que la jeunesse corse choisisse la violence et c'est absolument ce qu'il faut éviter.

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