"Nous voulons un vrai débat et un vrai dialogue", a affirmé mardi 2 avril sur franceinfo Gilles Siméoni, le président du Conseil exécutif de Corse, alors que le chef de l’Etat est attendu jeudi pour la dernière étape de son tour de France débuté dans le cadre du grand débat. Une rencontre avec les élus insulaires est prévue. Mais les dirigeants de la collectivité territoriale de Corse n'y participeront pas. Certains élus appellent même à une journée "île morte". Gilles Siméoni assure qu'il ne boycotte pas "le principe du débat", mais selon lui, "tel qu'il est proposé, il ne va pas permettre d'aborder" toutes les questions. Le président du Conseil exécutif de Corse revendique notamment "une autonomie de plein droit et de plein exercice" pour l'île.franceinfo : Sur quel point se situe le blocage politique ?Gilles Siméoni : Il y a à la fois une situation de crise économique et sociale profonde, comme sur le continent. Il y a un blocage politique dans la mesure où l'expression du suffrage universel, telle qu'elle s'est manifestée en décembre 2017 avec 56% des Corses qui ont voté pour la liste que je conduisais, n'est pour l'instant pas prise en compte. Aucun des points du projet validé par les urnes n'est pris en compte par le chef de l'État. Nous ne demandons pas que ce que nous proposons soit accepté. Nous demandons simplement à pouvoir en discuter de façon progressive et apaisée.Vous avez évoqué la question de l'autonomie avec Emmanuel Macron ?Il y a des aspects politiques et institutionnels et il y a des aspects économiques et sociaux. Le tout est indissociable. Sur la question institutionnelle, ce n'est pas l'alpha et l'omega. Je ne suis pas indépendantiste. Le projet dans la majorité territoriale n'est pas un projet d'indépendance. Nous sommes pour une autonomie de plein droit et de plein exercice. L'autonomie est une catégorie qui existe en droit constitutionnel français. En Méditerranée, la Sardaigne est autonome, les Baléares sont autonomes, les Açores et les Canaries aussi. Le mot autonomie n'est à dessein jamais prononcé par le président de la République, et c'est fâcheux. Sur la crise des "gilets jaunes", en Corse, nous avons mis les gens autour de la table. Ce qu'il faut dire avec force, c'est qu'il ne peut pas y avoir d'autre chemin que celui de la démocratie. Notre responsabilité, à Paris comme en Corse, c'est d'avancer, de construire et de ne laisser aucun espace à la violence politique.Vous allez boycotter le débat que vous propose le président de la République jeudi. Les Corses peuvent être un peu las de l'impuissance de la collectivité territoriale corse. Est-ce qu'il n'y a pas un climat dangereux ?Il y a un climat pesant et qui laisse se profiler une situation de blocage et d'impasse dont ne voulons pas. Tout le monde est inquiet, parce que tout le monde ressent bien que l'ouverture n'est pas suffisante. Ce que nous boycottons, ce n'est pas le principe du débat. Au contraire. Nous voulons un vrai débat et un vrai dialogue. Ce que je constate, c'est que le débat, tel qu'il est proposé, ne va pas permettre d'aborder ces points. Je vais rentrer en Corse, je vais consulter largement. Je vais réfléchir pour que nous continuions à avancer sur ce chemin de convictions profondes. Il ne faut pas perdre de vue que la question corse est économique, sociale, culturelle. Elle est aussi fondamentalement politique.