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"Les gens ont peur des représailles" : un collectif de femmes appelle à libérer la parole des victimes d'accidents de chasse

Six femmes ont lancé un collectif "Un jour un chasseur" pour recueillir les témoignages de personnes victimes d'une balle perdue, d'intimidation ou de menaces de la part de chasseurs.

Article rédigé par France Info - Boris Loumagne
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Un chasseur lors l'ouverture de la chasse à Vénasque (Vaucluse), le 8 septembre 2019. (JADE PEYCHIERAS / FRANCE-BLEU VAUCLUSE)

Un promeneur qui manque de se prendre une balle pendant une battue, des chiens de chasse qui attaquent des animaux domestiques, un projectile qui atterrit dans la chambre d'une petite fille... En un mois, Zoé et les autres membres du collectif "Un jour un chasseur", qui recueille les témoignages de personnes victimes d'une balle perdue, d'intimidation, de menaces de la part de chasseurs, ont reçu des centaines de témoignages de ce type. Ces six femmes ont décidé de réagir après la mort accidentelle de leur ami Morgan, tué par un chasseur, alors qu'il coupait du bois dans son jardin. Le chasseur a été mis en examen pour homicide involontaire. Et sur les réseaux sociaux, les témoignages affluent.

"Une balle est passée au-dessus de sa tête"

"Il y a même des gens qui sont chez eux sur leur terrasse et dont une balle est passée à quelques centimètres au-dessus de leur tête", indique ainsi Zoé.

Une fois, un monsieur qui était sur sa terrasse a vu une balle passer à côté de lui : il est allé voir les chasseurs qui lui ont foncé dessus avec leur 4X4 et l'ont heurté.

Zoé, collectif "Un jour un chasseur"

à franceinfo

Et lorsque ces accidents surviennent, les victimes sont souvent réduites au silence. "Il y en a beaucoup qui saisissent l'occasion pour se confier, soupire Zoé, mais qui, à la fin de leur témoignage, répètent qu'ils veulent rester anonymes parce qu'ils ont vraiment peur des représailles. En général, ce sont des gens qui viennent de petits villages et du coup, tout le monde se connaît." Le collectif porte donc plusieurs revendications : interdire les tirs à un kilomètre des habitations ou encore porter l'âge du permis de chasse de 16 à 18 ans. 

Le patron des chasseurs reconnaît des manquements

Pour Willy Schraen, le patron de la fédération nationale des chasseurs, il y a des efforts à faire sur la sécurité, d'autant que cela n'a pas été leur priorité par le passé. "À une époque, lorsque l'on passait le permis, on ne parlait pas de ces problèmes de sécurité et nous avons sûrement fait une erreur en ne prenant pas en compte ce genre de choses, reconnaît ainsi Willy Schraen. Certains sont en effet passés d'un fusil de chasse à une carabine et il y a eu un manquement puisqu'il n'y a pas eu de formation."

"Ce que nous allons lancer d'ici quelques semaines, c'est re-former tous les chasseurs pour bien vérifier qu'au niveau sécurité, tout est bien compris et tout est bien pratiqué." Et effectivement, pour éviter ces manquements, une loi va bientôt obliger les chasseurs à suivre des formations de remise à niveau tous les dix ans.

Chasse : la parole se libère - Reportage de Boris Loumagne

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