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Chasse à la glu illégale : "On laisse mourir des pratiques ancestrales", regrette le député Alain Péréa

La Cour de justice de l'Union européenne juge la chasse à la glu illégale. Pour le député LREM de l'Aude Alain Péréa, cette décision est "une méconnaissance complète" de cette "pratique ancestrale". 

Article rédigé par franceinfo
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Alain Péréa, député de l'Aude, lors de questions au gouvernement en juin 2018. (LEON TANGUY / MAXPPP)

"On laisse mourir des cultures locales, des pratiques ancestrales", a dénoncé mercredi 17 mars sur franceinfo Alain Péréa, député LREM de l'Aude. Défenseur de la chasse à la glu, il "regrette profondément" la décision de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) qui juge cette pratique illégale, ouvrant la voie à une interdiction en France. Cela témoigne d'"une méconnaissance complète de ce qu'est la chasse à la glu", selon l'élu de la circonscription de Narbonne. Il souligne que l'avocate générale de la Cour "avait dit que cette pratique pouvait être maintenue si cette chasse revêtait une importance culturelle", mais le juge ne l'a pas suivie.

franceinfo : Quelle est votre réaction après cette décision de la CJUE ?

Alain Péréa : Moi qui ai toujours été à la fois un défenseur de la chasse à la glu mais aussi un défenseur de l'Europe, je regrette profondément cette décision. Parce que l'Europe, c'est à la fois le rêve et l'envie d'être un peuple uni et de respecter les cultures et traditions plus locales. D'ailleurs, cette décision va complètement à l'encontre de ce qu'avait dit l'avocate générale de la Cour de justice de l'Union européenne il y a quelques mois. Elle avait dit que cette pratique pouvait être maintenue si cette chasse revêtait une importance culturelle. Très souvent, dans 95% des cas environ, les juges suivent l'avocat général et là, comme par hasard, sur un sujet écologique, les juges vont à l'inverse de ça.

En tant que législateur français, je n'ai pas à critiquer la décision des juges. Ils sont souverains et ils ont pris leur décision, mais pour les auditeurs je demande : comment un juge à Bruxelles, qui n'est sûrement jamais venu participer à ce genre de chasse et n'a jamais été avec ces gens-là, peut-il imaginer si cela fait partie de la culture ou ne fait pas partie de la culture ?

Pour vous, les arguments de la Cour disant que d'autres méthodes plus humaines peuvent être utilisées ne sont pas audibles ?

Ce n'est pas un problème de pratique plus humaine, parce que d'abord on pourrait discuter de toutes les personnes qui placent des filets où des oiseaux sont attrapés et restent là pendant des heures, des personnes qui prétendent être des défenseurs de la nature et qui font des captures pour faire des comptages ou faire des baguages et compagnie. Vous croyez que les oiseaux ne souffrent pas quand ils sont des heures dans les filets ? Que les auditeurs tapent [sur Internet] "filet de la LPO" [Ligue de protection des oiseaux], ils vont voir l'état des oiseaux qui semblent complètement emmêlés.

Donc on est là sur une approche qui est une méconnaissance complète de ce qu'est la chasse à la glu. Avant le débat qui a eu lieu il y a un an, la majorité des gens avec qui j'en parlais pensaient que la glu servait à tuer les oiseaux. Or c'est faux, la glu sert à les garder vivants.

Mais au-delà de ça, notre pays et les citoyens français mettent une énergie folle à aller défendre des peuples autochtones en Amazonie ou dans d'autres pays, en disant 'il faut maintenir les cultures de ces peuples-là, face à des autorités qui sont en train de les détruire'. Et nous, des cultures locales, des pratiques ancestrales, on les laisse mourir comme ça, on les raye d'un trait de plume. La France est un des pays où il y a une des plus grandes pratiques de la chasse, de toutes les chasses issues de notre histoire. Il faut rappeler quand même que la chasse à la glu, c'est-à-dire mettre un peu de colle, de résine sur des arbres, c'était le seul moyen que certaines femmes avaient de mettre un tout petit peu de viande dans les repas pendant la guerre. Tout ça, ça fait partie de notre patrimoine commun, ça fait partie de notre culture et on est en train de le rayer.

Emmanuel Macron avait déjà suspendu la chasse à la glu qui se pratiquait dans cinq départements du Sud-Est. N'est-ce pas un motif pour vous écarter de la majorité présidentielle ?

Emmanuel Macron n'avait pas supprimé cette chasse. Il avait arbitré une demande impérieuse de Barbara Pompili [ministre de la Transition écologique], en disant qu'on allait mettre un quota de prélèvement à zéro en attendant cette décision européenne. C'est-à-dire que la chasse n'était pas interdite, simplement on n'avait pas le droit de pratiquer. Maintenant, je ne me désolidarise pas de la majorité. Tout simplement parce que la majorité porte beaucoup d'autres sujets tout aussi intéressants.

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