Teknival dans l'Indre : ce que l'on sait du festival techno qui rassemble plusieurs dizaines de milliers de personnes à Villegongis
Trente ans que cette grand-messe dédiée aux musiques électroniques ravit les "teufeurs". Le Teknival 2023 s'est installé par surprise à Villegongis (Indre), jeudi 18 mai. Alors que 23 000 personnes ont d'ores et déjà bravé l'interdiction de la préfecture, le pic de fréquentation doit être atteint samedi soir, avec 30 000 fêtards attendus. Cinq personnes ont déjà dû être prises en charge en urgence absolue, pour des blessures ou des malaises, selon le dernier bilan communiqué par la préfecture samedi après-midi. Franceinfo fait le point sur le plus gros événement de musique techno en France, qui doit prendre fin lundi.
Au moins 23 000 personnes déjà sur place
Platines, enceintes et tentes ont été installées dès jeudi sur un terrain agricole de Villegongis, un petit village de l'Indre qui compte 110 habitants. Alors que la dernière édition remontait à 2019, avant la crise sanitaire, plus de 20 000 personnes ont renoué avec l'événement vendredi, selon les chiffres de la préfecture. A 9 heures samedi, le nombre de participants était estimé à plus de 23 000 et les services de l'Etat attendent jusqu'à 30 000 teknivaliers d'ici à la fin du week-end.
Un événement maintenu malgré l'interdiction préfectorale
Un arrêté préfectoral publié le 16 mai interdisait de fait la tenue du Teknival. Il stipule que les rassemblements non déclarés à caractère musical et la circulation de matériel de sonorisation sont interdits "à compter du mercredi 17 mai 2023 à midi jusqu'au lundi 22 mai 2023 à 15 heures".
Les Teknivals n'ont pas toujours été illégaux. A partir de 2004, sur décision de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, les collectifs de "free parties" ont investi des lieux proposés par l'Etat en échange de moyens sanitaires et de secours. "En 2015, il y a eu une rupture entre les collectifs techno et le gouvernement, malgré plusieurs tentatives pour proposer des projets légaux", regrette Samuel Raymond, directeur de Freeform, principale association de médiation avec des organisateurs de "free parties".
Pris par surprise par ce rassemblement, bien que théoriquement interdit, ni la mairie de Villegongis ni les autorités locales n'ont pu s'organiser pour encadrer un tel déferlement de participants. "On est mis devant le fait accompli, alors faisons en sorte que cela se passe le mieux possible. Aller sur le site et à la castagne, est-ce que c'est mieux ? Je ne pense pas", a réagi vendredi au micro de France 2 le maire du village, Jean-Marc Sevault.
"Le Teknival n'ayant pas été déclaré en préfecture et étant interdit, il n'a pas permis aux services de l'Etat et aux collectivités territoriales de préparer ce rassemblement dans les meilleures conditions", a déploré de son côté le préfet de l'Indre, Stéphane Bredin.
Cinq personnes en urgence absolue
Depuis le début du rassemblement, jeudi, les secouristes ont déjà réalisé 248 prises en charge. Selon le dernier communiqué de la préfecture samedi, 66 personnes ont été prises en charge au poste médical avancé en urgence relative, tandis que cinq festivaliers étaient en urgence absolue. Au total, treize personnes ont été évacuées vers le centre hospitalier de Châteauroux.
Vendredi soir, France Bleu Berry annonçait que trois des personnes qui avaient déjà été prises en charge en urgence absolue, alors au nombre de quatre, n'avaient pas de pronostic vital engagé.
Le premier blessé grave, un homme de 40 ans, s'est endormi dans les hautes herbes et s'est fait rouler dessus par un automobiliste qui faisait une marche arrière sans l'avoir vu. Le deuxième blessé grave s'est fait mordre par une vipère, tandis que deux personnes ont fait des malaises considérés comme inquiétants par les secours. Aucune précision n'a été donnée, pour l'heure, sur la cinquième personne.
320 gendarmes mobilisés samedi
Lors de la deuxième journée du Teknival, vendredi, 270 gendarmes ont été mobilisés. Un hélicoptère survolait également les lieux. Les contrôles des forces de l'ordre ont notamment entraîné, selon le dernier bilan, la verbalisation de 23 conduites sous stupéfiants et de quatre conduites en état d'ivresse. Le dispositif de maintien de l'ordre monte en puissance, samedi, avec 320 gendarmes engagés.
Il "a été dimensionné pour assurer la sécurité, notamment sanitaire, d'au moins 30 000 Teknivaliers dans les deux jours qui viennent", a assuré vendredi le préfet de l'Indre. "Ce samedi est le moment où on attend le plus de monde sur le Teknival, on sait qu'on va atteindre largement les 30 000 ce soir et que c'est la soirée qui va être un peu la soirée tendue", a expliqué samedi au micro de franceinfo Marc Fleuret, président du Conseil départemental de l'Indre.
Les conséquences sanitaires de ce pic de fréquentation inquiètent le personnel médical. "Ce type d'événement est très accidentogène, avec des malaises, des personnes qui consomment des produits illicites conjugués à de l'alcool", a rappelé vendredi sur franceinfo Louis Soulas, patron du Samu et des urgences au CHU de Rennes, dont les services ont été envoyés en renfort à Villegongis.
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