Reportage "On va mettre la clé sous la porte" : à Lyon, les taxis manifestent leur colère contre la nouvelle tarification pour le transport sanitaire

Les taxis se sont mobilisés partout en France, mais plus particulièrement autour de Lyon, où ils sont bloqués les entrées de la ville et ralenti la circulation sur l'A7.
Article rédigé par Mathilde Imberty
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Des chauffeurs de taxi bloquent la circulation, lundi 2 décembre, à Lyon pour protester contre la nouvelle tarification du transport sanitaire. (OLIVIER CHASSIGNOLE / AFP)

La circulation est ralentie lundi 2 décembre à Lyon, notamment au nord-ouest de l'agglomération et près du tunnel de Fourvière. La raison : une manifestation de plusieurs dizaines de taxis, qui dénoncent la nouvelle tarification pour le transport sanitaire. Un projet d'accord-cadre de l'Assurance maladie prévoit de passer de 1,50 euro environ par kilomètre pour le transport médical à un euro le kilomètre.

Assise autour d'un brasero, levée depuis 3h du matin, Laetitia Thébault officie comme taxi. La nouvelle convention qui doit entrer en vigueur baisse la tarification au kilomètre pour le transport des malades. Et en Côte-d'Or, son département, ce serait une chute de 40% du chiffre d'affaires. "On ne pourra plus travailler, on va mettre la clé sous la porte pour beaucoup d'entre nous." Le transport médical représente plus de 90% de son chiffre d'affaires. "Je travaille essentiellement avec des assurés, donc on se bat pour nous, mais pour eux aussi. Parce que si vraiment ils font ce qu'ils nous ont dit, ils vont être pris en charge complètement différemment, comparé à aujourd'hui."

Mickaël Chaput, un taxi qui roule dans l'Ouest lyonnais, navigue entre tous les hôpitaux de la métropole. Selon la convention à venir, il faudra mettre plus de patients dans sa voiture, selon le concept du transport partagé. "Aujourd'hui, on l'appelle le transport simultané. On en fait peu parce qu'aujourd'hui, quand vous sortez quelqu'un de chimiothérapie, il y a quand même une intimité", assure-t-il.

"J'ai déjà transporté des gens qui étaient malades en voiture, on est obligé de s'arrêter toutes les dix minutes. Donc ce n'est pas possible de transporter plusieurs personnes. Rajouter du temps d'attente sur le trajet, ce n'est pas rentable pour nous et ce n'est pas bien pour eux."

Mickaël Chaput, taxi à Lyon

à franceinfo

Cette problématique est particulièrement aiguë en campagne, dans les déserts médicaux comme dans le département de l'Allier, celui de Sylvain Rieuf. Ce chauffeur va parfois jusqu'à Paris pour transporter des enfants, notamment atteints de cancer. "On joue un rôle social, insiste-t-il. On devient un lien vital pour les gens, pour accéder aux soins et notamment aux spécialistes médicaux qui sont souvent sur Clermont-Ferrand ou sur Lyon. Ce ne sont pas des colis, ce sont des clients, ce sont des patients, ce sont des malades. Ce sont parfois des enfants atteints de pathologies très graves. On est leur lien et on est aussi leur confident. On est leur support, on les aide dans la lutte contre la maladie."

Les taxis ont prévu de se rejoindre, en cortèges, dans le centre-ville de Lyon, sur la place Bellecour, à partir de 18h. Ils comptent d'ailleurs y organiser un bivouac pour la nuit.

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