9.000 salariés s'expriment sur leurs souffrances
Plus de 9.000 salariés de France Telecom ont répondu au questionnaire sur la souffrance au travail qui leur a été envoyéPlus de 9.000 salariés de France Telecom ont répondu au questionnaire sur la souffrance au travail qui leur a été envoyé
"L'idée c'est de voir les facteurs à l'origine de la souffrance", explique Jean-Claude Delgennes directeur du cabinet qui a réalisé le questionnaire.
Envoyé aux 102.000 salariés de l'entreprise ce lundi, plus de 9.000 d'entre eux ont déjà répondu. "Les salariés sont au rendez-vous (...) ce qui est assez exceptionnel", réagit M. Delgennes.
Il ajoute ensuite que "les salariés sont dans le désespoir, il ne faut pas les enfermer dans la fatalité" précisant que par ce questionnaire "nous avons voulu" mettre en visibilité la souffrance qu'ils ont vécu". M. Delgennes annonce ensuite que le compte rendu des paroles des tous les salariés qui auront répondu au questionnaire est attendu "fin novembre, début décembre", et que des propositions de "mesures d'urgence" en seront tirées.
Un dispositif en quatre temps
Le questionnaire est la première étape d'un dispositif d'actions en quatre phases lancé par Technologia. Le cabinet va aussi analyser les 25 suicides et 15 tentatives recensés dans le groupe, étudier les quelque 175 rapports de la médecine du travail et des CHSCT (comité hygiène et sécurité) remis à la direction en deux ans, et mener des entretiens auprès de 1.000 salariés.
Au final, Technologia rendra un "plan d'actions" global en avril 2010.
Tel est l'avis du psychiatre, Christophe Dejours, spécialiste du suicide au travail. Il a notamment co-écrit "Suicide au travail, que faire?".
"Je pense que ça ne sert à rien, strictement à rien (...) on sait très bien que les gens ne vont pas bien. 160 questions, à quoi ça sert, qu'est-ce qu'on va en faire? Ca ne dit pas ce qu'il faut faire". Selon lui, ce questionnaire est surtout "un signe de communication vers l'extérieur", mais "l'exploitation de ces données ne sert à rien. On a déjà des suicides, cela suffit. On est déjà dans le pire, dans le rouge et au-delà du rouge", a-t-il affirmé, jugeant la mesure "irrationnelle". "Mais l'une des grandes difficultés, c'est qu'il s'agit d'une énorme entreprise", reconnaît-il. "Concrètement, on ne pourra pas obtenir une transformation homogène de l'ensemble de l'entreprise. Il faut accepter qu'il y ait des endroit où les choses vont s'arranger à un tempo très soutenu, où d'un seul coup les choses, les gens vont aller beaucoup mieux, et qu'à l'autre bout de la France, les choses piétinent". Pour M. Dejours, pour le moment "la confiance n'existe pas" parmi les salariés."La confiance dans la direction ne va pas se faire comme ça. Il va falloir que la direction montre des preuves, qu'elle montre sa loyauté".
En revanche, selon lui, en dehors du questionnaire, les mesures annoncées par la direction "vont globalement dans le bon sens", car il y a "l'acceptation de remettre sur la table la question du travail, de l'organisation du travail, des relations que les gens établissent à l'occasion du travail".
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