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19 ans après, Omar Raddad pourrait être innocenté du meurtre de Ghislaine Marchal. La justice suit la piste d'un sosie

Un détective persuadé de l'innocence du jardinier marocain a enquêté dans l'entourage de la victime, sauvagement assassinée à Mougins (Alpes-Maritimes). Il aurait découvert l'existence d'un sosie de Raddad.Le parquet de Grasse a été chargé de vérifier ces "nouveaux" éléments. Omar Raddad a été condamné à 18 ans de réclusion criminelle en 1994.
Article rédigé par Melinda Davan-Soulas
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 6min
Omar Raddad, lors de la reconstitution à Mougins en 1992 (AFP - GERARD JULIEN)

Un détective persuadé de l'innocence du jardinier marocain a enquêté dans l'entourage de la victime, sauvagement assassinée à Mougins (Alpes-Maritimes). Il aurait découvert l'existence d'un sosie de Raddad.

Le parquet de Grasse a été chargé de vérifier ces "nouveaux" éléments. Omar Raddad a été condamné à 18 ans de réclusion criminelle en 1994.

"Omar m'a tuer". La phrase et sa faute d'orthographe sont tout aussi célèbres que l'affaire judiciaire, si ce n'est plus encore. Cette "épitaphe" laissée sur la porte au-dessus du corps de Ghislaine Marchal sera d'ailleurs bientôt le titre d'un film réalisé par Roschdy Zem, inspiré de l'affaire Omar Raddad. Si Sami Bouajila incarnera le jardinier à l'écran, le véritable Raddad devrait bientôt faire parler de lui dans la réalité. Un détective privé a en effet mis en avant la piste d'un sosie qui disculperait le Marocain.

En juin 1991, le corps de Ghislaine Marchal, 65 ans, était découvert dans le sous-sol de sa villa de Mougins (Alpes-Maritimes), la riche veuve ayant été assassinée de plusieurs coups de couteau. Sur la porte de la chaufferie, les mots inscrits du sang de la victime. La véracité de leur origine (de la main ou non de Mme Marchal) fera longtemps débat et pèsera lourd dans la balance de la justice, tout comme l'éventualité ou non que la sexagénaire ait écrit le message avec une faute d'orthographe aussi grossière.

L'auteur de l'acte est alors identifié post-mortem: Omar Raddad, 28 ans, jardinier de Mme Marchal. Il est inculpé d'homicide volontaire au terme d'une enquête à rebondissements et, en 1994, condamné à 18 ans de réclusion criminelle à perpétuité à l'issue d'un procès très médiatisé. Gracié partiellement par Jacques Chirac en 1996, à la demande pressante également du roi Hassan II du Maroc, il a obtenu une libération conditionnelle en 1998. Mais aux yeux de la justice, il demeure toujours coupable du meurtre.

De nombreuses zones d'ombre
Depuis près de 20 ans, ce Marocain, qui parlait mal le français lors de son arrestation et n'avait ainsi pas facilité sa défense, clame son innocence et demande une révision du procès. De "nouveaux" éléments transmis à la justice pourraient plaider en sa faveur et lui offrir le second procès qu'il s'était vu refuser en 2002.

De ce procès hautement médiatisé, il reste néanmoins de nombreuses zones d'ombre. Les études graphologiques du message attribué à Ghislaine Marchal se sont avérées contradictoires. Le corps de la victime a été incinéré à l'issue de la première autopsie, empêchant toute analyse supplémentaire. Deux ADN masculins différents, dont aucun n'appartenant à Raddad, ont été retrouvés sur place sans que les experts ne puissent les identifier. Malgré les demandes de Me Sylvie Noachovitch, qui avait succédé à Jacques Vergès à la défense du jardinier, aucune comparaison avec le fichier national des empreintes génétiques ne sera effectuée. De plus, les policiers n'avaient pas jugé utiles de relever d'empreintes digitales dans la chaufferie où fut commis le meurtre.

Autant d'éléments troublants qui ont encouragé Bernard Naranjo, détective privé, à refaire l'enquête de son côté à la demande du père d'Omar Raddad. En 1995, il avait frappé un grand coup en amenant aux gendarmes l'arme du crime, un couteau de cuisine. Pas suffisant pour faire innocenter Raddad. Poursuivant sa quête "par conviction" et avec "la promesse faite au père d'Omar de continuer jusqu'à ce qu'on trouve le vrai coupable" comme il l'a indiqué au journal Le Parisien/Aujourd'hui, il récidive 15 ans plus tard en lançant une nouvelle piste: celle d'un sosie du jardinier marocain.

La piste d'un sosie d'Omar Raddad

"Les éléments que j"ai découverts et confiés aux autorités judiciaires sont susceptibles de le blanchir de façon définitive", explique-t-il dans les colonnes du quotidien. "Visage, corpulence… La ressemblance de cet homme avec Omar Raddad est frappante", ajoute son avocat Me Jérôme Bertagna. En 1995, la piste d'un certain "FB" qui s'attribuait le meurtre de Mougins avait été un temps évoquée avant que l'auteur présumé ne soit disculpé. Mais le détective a cette fois suivi une voie écartée par les enquêteurs: celle des proches de la victime.

"Il reste des zones d'ombre dans ce dossier qui n'ont jamais été explorées", en particulier l'existence d'un homme ressemblant à s'y méprendre à Omar Raddad et qui serait "une relation d'une personne proche de Mme Marchal", expose Naranjo à l'AFP.

L'identité de cet inconnu n'a pas été dévoilée et il se murmure que ce serait un ami intime d'un familier de la villa où résidait Ghislaine Marchal. "Il n"a jamais été entendu et certains témoins m"ont confirmé que son existence avait été cachée. Cette piste d"une possible confusion entre cet individu et Omar Raddad par la victime doit absolument être explorée", déclare le détective.

Le parquet de Grasse a confirmé avoir reçu tous les documents et photos de B.Naranjo. Une enquête a été ouverte "pour vérifications". Les résultats seront donnés début décembre. Si elles venaient à être confirmées, ces preuves permettraient la réouverture de l'enquête et la tenue d'un second procès. Premier concerné, Omar Raddad a néanmoins indiqué au Parisien ne pas être au courant de ce rebondissement, rappelant que la question d'un sosie avait déjà été avancée en 1994 lors du procès sans que cela donne lieu à une quelconque considération judiciaire.

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