Feuilleton 3/5 : "Histoires de guerre"
Christian, 67 ans, est un passionné de cette époque: il a transformé une partie de sa maison en musée. Il y expose les objets de la vie quotidienne et se voit comme un "passeur de mémoire".
Christian Tarantola remonte le temps. Trois pièces entièrement consacrées aux objets et livres de la Première Guerre mondiale. Une collection entamée il y a plus de 40 ans. A l'origine, une histoire familiale.
Quand mon grand-père et ses beaux-frères venaient, ils parlaient rarement de la guerre ou alors ils pleuraient. Pour un gamin qui entre dans l'adolescence, voir des adultes pleurer, ça m'a toujours intrigué.
Le collectionneur de 67 ans est devenu intarissable sur la vie de l'époque.
On a beaucoup chanté pendant la guerre 14. J'ai les cahiers de ma grand-mere où quand ils revenaient, ils copiaient. Ce que je cherche à avoir, c'est cette ambiance qu'il y avait. A travers les chansons, la vie de tous les jours. La guerre, elle tenait tout le monde, pas seulement ceux au front.
Pacifiste convaincu, ce retraité refuse de collectionner les armes. Il préfère les objets appareils photo, matériel de soin, médailles militaire. Et même des obus transformés en oeuvres d'art.
C'est rare, c'est fragile. En 40 ans, j'en ai trouvé deux.
On pourrait dire.
Non, c'est la vraie Histoire, celle des vrais gens.
Ce passionné a contacté des centaines de poilus, des souvenirs consignés dans de gros classeurs.
On me disait : "Tu mangeras la soupe avec nous." Je savais qu'ils n'avaient pas fini de tout dire. Les femmes me disaient: "Depuis qu'on est mariés, il se réveille les nuits en hurlant.
Il se définit comme un passeur de mémoire. Un rôle qui lui tient à coeur, surtout depuis la mort des derniers poilus. Chaque semaine depuis 30 ans, il se rend dans cette boutique à Epinal. Il y a trouvé les plus belles pièces de sa collection. Dès que Lionel Pagliarin a un nouveau livre, il l'appelle.
Je l'ai celui-là.
Qu'est-ce que vous n'avez pas ? C'est ça qu'il faudrait demander.
Après plus de 40 ans de recherches, difficile de trouver de nouvelles pièces dans les brocantes. Pourtant, il n'aime pas aller sur Internet.
J'ai besoin de toucher, c'est un contact physique.
La démarche n'est pas la même.
Non, vous êtes sur votre fauteuil, c'est pas ça.
Vous pouvez achetez sur le Net un ouvrage photocopié, c'est ce qu'ils font aux Etats-Unis.
Quand il ne chine pas, Christian Tarantola collectionne les voix. C'est le maire de Docelles, 1.000 habitants. Pendant la guerre, ce village des Vosges n'était qu'à 20 km du front, il servait de base arrière aux troupes.
Vous avez un très beau plan, bien conservé. vous avez Docelles avec les différents secteurs. A chaque fois, avec le nom des rues, par exemple au numéro 133, on peut mettre 30 hommes et 13 chevaux.
A travers son mandat, Christian Tarantola entretient la mémoire locale. S'il n'est pas réélu l'an prochain, il écrira peut-être le livre d'Histoire dont il rêve.
"1.
18 : Histoire de Guerre", un feuilleton signé Chloé Buffard, Mathias Second, Mélanie Laporte et Nathalie Anton.
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