Feuilleton 2/5 : "Les secrets des parfums"
La suite de notre feuilleton consacré aux secrets des plus grands parfumeurs de la planète. En Calabre, magie de la cueillette de la fleur d'oranger. Une balade olfactive, et la recherche d'ingrédients pour créer des parfums d'antan.
C'est le signal. Dans la nuit, la pluie s'est arrêtée en Calabre. La fleur d'oranger est sèche, gorgée de ses effluves.
Il y a une chaleur et une douceur en même temps. C'est presque une contradiction.
Les gestes n'ont pas changé depuis des siècles.
Ils vont les séparer à la main, d'un côté la fleur, de l'autre la feuille. Cette opération prend du temps.
C'est viable pour vous ? Si vous n'aviez pas de contrat avec un grand parfumeur parisien, vous pourriez continuer a travailler a l'ancienne.
Je ne crois pas. C'est bien d'avoir la sécurité.
Un savoir-faire préservé, une exception et donc un luxe. En plus de 180 ans, la maison Guerlain a toujours acheté ainsi, au pied de l'arbre.
Une grande partie des voyages que l'on fait, c'est pour acheter les fleurs ou les fruits pour le courant. Shalimar et la bergamote, une histoire bientôt centenaire. La matière existe dans chacun de nos parfums. Ils ont tous leur caractère.
La cueillette prend du temps et la distillation est dans la foulée. Thierry Wasser devra patienter jusqu'à cet apres-midi. A Paris, Gilles Thévenin est pressé, il doit sentir la dernière création de son parfumeur, le nez de la maison Lubin. Le jus est d'abord aéré puis vaporisé sur des mouillettes. Variations autour d'un parfum à naître.
Le temps que ça se mette bien en place.
C'est mieux que la première.
Oui, elle est bien sensuelle, joufflue.
T'imagines la rose avec le côté velour du pétale.
Ils réactualisent.
Pour une formule qui a un siècle, tu l'as bien revisitée.
Gilles m'a donné des formules sur lesquelles j'ai travaillé. Je lui ai dit : "Je suis l'Indiana Jones de la parfumerie", parce que je fais de l'archéologie de la parfumerie. Plein de produits ont disparu, j'ai cherché dans de vieux livres.
Plutôt que de se freiner, on se pousse mutuellement à aller encore plus loin.
En Calabre, la distillation de la fleur d'oranger commence. Ses effluves apaisantes et délicates envahissent les lieux. Thierry Wasser s'étonne que la cuve soit si peu remplie de fleurs à chaque fournée.
C'est mieux de charger moins de fleurs avec moins de vapeur. C'est une distillation très lente. Même si c'est plus long, ce n'est pas un problème.
La feuille d'oranger est également distillée. Appellée "petit grain" par les parfumeurs, son essence est très appréciée, une note plus verte que la fleur. Au bout d'une heure de distillation, premier test d'un jus encore chaud et incomplet.
On a l'eau et l'essence qui surnage. Il y a le départ, les notes de tête. C'est une essence qui n'est pas complète. Mais ça peut déjà nous donner des signes sur la qualité.
Il devra patienter jusqu'à demain, la distillation se poursuit 5 heures.
Les secrets des parfums, un feuilleton signé Valérie Fourniou, Valérie Lucas et Christian Indjeyan.
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