Feuilleton 1/5 : "Les secrets des parfums"
Cette semaine notre feuilleton nous emmène sur les traces, ou plutôt sur les fragrances des plus grands parfumeurs. De la Calabre italienne à la Provence française, voici quelques secrets qui ont fait la renommée de ces maisons.
C'est la fleur d'oranger qui mène Thierry en Calabre.
Les fleurs sont des éléments très délicats. S'il pleut et qu'il y a un peu de vent, elles tombent. Les fleurs n'aiment pas voyager donc sont traitées sur place.
Et les parfumeurs n'aiment pas l'eau, encore moins la pluie. Sur la route de ces essences, l'escale chez Giorgio, producteur. Une visite essentielle pour ce parfumeur d'une grande maison parisenne, Guerlain. Un nez qui à peine arrivé ne recherche qu'une chose: toucher, sentir la fleur de ses parfums.
Elle est belle.
La fleur d'oranger.
Elles sent bien vert.
Vert, une note qui l'inspire déjà.
Ça me chante. Que ce soit l'eau de Cologne du parfumeur ou la prochaine Aqua Allegoria, cette fleur est présente. Alors, elle m'a inspiré avant. Aujourd'hui, je la vois, c'est émouvant de la voir avant transformation.
Mais la fleur est capricieuse aujourd'hui et elle ne se laissera pas faire. Désoeuvrés, les cueilleurs préfèrent en sourire. La pluie fin avril, c'est plutôt rare ici. Peu importe, Thierry a une idée derrière la tête: renouer avec la tradition du jasmin de Calabre dont les dernières plantations ont été livrées aux chèvres et envahies par les chardons.
L'arrière-pays est magnifique. C'est un écrin pour la fleur et la fierté de la famille. Moi, ça m'émeut.
C'est la concurrence indienne et égyptienne qui avait poussé la famille de Giorgio a abandonner la culture du jasmin.
Je connais ce jasmin de famille depuis 25 ans. Je me souviens toujours de ce qu'il sent et j'ai eu envie de créer un produit avec ce jasmin. Giorgio dans deux ans ici, il m'aura refait des champs de jasmin que je pourrais utiliser et je créerai un parfum avec ce jasmin.
Quant à la fleur d'oranger, la cueillette devra attendre demain. Les parfumeurs s'inspirent de la matière et migrent avec les saisons. Chez Lubin, c'est le cas depuis 1798.
On a eu la chance, quand j'ai récupéré la marque, de sauver une grande partie des archives. Certains documents ont deux siècles.
Dont celui-ci où sont répertoriés les différentes lavandes, ambrées ou à la rose. Des eaux parfumées ou autres senteurs aujourd'hui introuvables.
Derriere, on voit que c'est un parchemin commerciale, et les distances entre les villes et on voit que ce monsieur allait aussi bien à Vladivostok, à Mourmansk, à Alexandrie.
Grand voyageur pour trouver des essences mais aussi pour vendre ses parfums, Lubin a même ouvert un comptoir aux Etats-Unis. Ses flacons ont suivi les convois des pionniers américains lors de la conquête de l'Ouest.
Un flacon a été trouvé dans la sépulture d'une danseuse de saloon. Elle mettait du Lubin déjà à l'époque.
Par amour du parfum, en 2004, Gilles Thévenin a racheté la maison Lubin, première marque française et donc du monde.
C'est aussi le premier parfumeur moderne. Il était le premier à diffuser le parfum en quantité importante, à ouvrir une boutique à Paris en 1798 et à s'attirer les faveurs des Incroyables, des Merveilleuses.
Et aujourd'hui, il se bat pour ressusciter ce qui a fait le succès de la marque dans les cour européennes.
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