Feuilleton 1/5 : "Histoire de guerre"
Le suspect a été interpellé. Ces célébrations vont donner lieu à de nombreuses cérémonies. Les archives nationales et la BNF vont lancer une collecte d'objets, de lettres ou de photos. Tous les Français sont appelés à contribution. Les documents seront numérisés pour constituer un fonds. Des particuliers commencent à apporter leurs souvenirs de famille. C'est le premier épisode de notre feuilleton cette semaine.
C'est cela la grande collecte: des photos, des documents de la guerre de 14, conservés aux Archives départemantales de l'Ardèche, à Privas. Marie-Louise apporte un journal écrit par l'un de ses aïeux, prêtre dans la vie civile, brancardier dans les tranchées.
Bonjour, monsieur. J'avais ce document, je pense que cela va vous intéresser. C'est le journal de mon grand-oncle de la guerre 1.
18. C'est lui, là. Il avait 33 ans quand il est parti à la guerre. Il parlait rarement de la guerre de 14, très rarement.
Pourtant, il a écrit.
Il a écrit son journal tous les jours. Je l'ai lu et relu. C'est très difficile, il y a des moments très prenants. "Enfin, on repart. Toujours des traces de combats le long de la route. Deux pauvres soldats sont au bord des champs de betteraves. La face est devenue noire et la tête énorme. On ose à peine regarder, cela fait mal au coeur". Tout le livre est comme ça. Il ne cache rien, il dit ce qu'il a vécu.
C'est un document très intéressant, vous êtes d'accord pour nous le prêter.
Oui, c'est un prêt, j'y tiens.
On va le numériser.
La numérisation s'effectue dans cette pièce étroite. Il faut scanner un à un les documents.
Je scanne les registres de matricules militaires pour être mis à disposition sur Internet.
Les archives privées de la guerre de 14 sont disponibles sur le Net, département par département. Ici, on retrouve les photos, les albums, apportées par les familles. La vie des poilus au jour le jour. Sur 42.000 soldats mobilisés en Ardèche, 15.000 sont morts au combat. 1 sur 3, en majorité des paysans. Sur les hauteurs de l'Ardeche habitait Marcel, architecte, mobilisé à 32 ans en 1914. La maison familiale est restée la même depuis. Son petit-fils Dominique en témoigne.
C'est comme c'était il y a 60 ans.
Qu'est-ce qui n'a pas changé.
Les meubles sont toujours là, la famille se réunissait autour de cette table. Là, c'est lui, dessiné au fusain par son épouse, au retour de la guerre.
Vous avez parlé avec lui de la guerre.
Non, j'étais jeune. Il n'a jamais beaucoup parlé mais il a beaucoup écrit. Il a mis en ordre tous ses dessins. Il a continué à peindre pendant toute la guerre.
On retrouve ces documents aux archives départementales, où ils ont été confiés par sa famille. Ici, on classe le moindre croquis de l'architecte, reversé dans le génie pendant le conflit.
C'est juste après.
C'est un abri de guetteur.
Il a été réalisé par votre grand-père.
On le suppose. Regardez la forêt rasée par l'artillerie.
Ce sont des petites parcelles de vie et de vérité. Pour nous, archivistes, ces documents sont extrêmement importants.
Ces dessins, ces images, ces esquises pour oublier l'horreur, c'est tout l'intérêt de ces collectes d'objets. Un siècle après les faits.
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