Cet article date de plus de deux ans.

Festival Off Avignon 2022 : "Dalida sur le divan" dévoile la chanteuse, la femme, ses hommes et la mort omniprésente

Lionel Damei et Alain Klinger adaptent le livre éponyme de Joseph Agostini dans un récital où la personnalité de la chanteuse est le fil rouge d’une tragédie.

Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Lionel Damei et Alain Kingler dans "Dalida sur le divan" de Joseph Agostini au Festival Off d''Avignon, en juillet 2022. (JULIEN TRUCHON)

Dalida jouée par un homme ? Sans fard, ni travestissement, Lionel Damei incarne la chanteuse de variété analysée par un psy, qu'interprète Alain Kingler. Chantant, jouant du piano, il l’invite à dévoiler le fond de sa pensée, ses origines, ses hommes et surtout la mort qui hante ses chansons pourtant pleine de vie et d’amour. Paradoxalement, c’est ce manque d’amour qui conduira Dalida à se suicider le 3 mai 1987. Ce récital, ponctué des paroles de la chanteuse, la dévoile sous un jour, une nuit plutôt, qui la hantait et lui fut fatale. Une tragédie.

Actrice frustrée 

Un fatum semble dominer l’artiste, notamment dans ses relations avec les hommes, deux de ses amants se sont suicidés. Elle les rejoindra en se donnant aussi la mort. En 1986, Youssef Chahine lui offrait le premier rôle de son film Le Sixième jour, point de départ de Dalida sur le divan. Elle réalisait ainsi le rêve d’être une "tragédienne de cinéma", sa vocation première. Atteignant enfin son objectif et reconnue comme telle par la critique, elle se donnera pourtant la mort quelques mois plus tard.

Si Dalida sur le divan n’apporte pas de réponse, son suicide est toujours entouré de mystère. Chanteuse de variété, toute vêtue de strass et star des émissions de Guy Lux et de Danièle Gilbert des années 70, qui pouvait imaginer que derrière l’image glamour sommeillait un être aussi torturé ? L’artiste aurait aimé l’incarner à l’écran, dans la fiction, mais c’est dans la réalité qu’elle l’a vécu. Dalida sur le divan évoque ce fond ténébreux qui la hantait et qui la perdra. L’interprétation habitée, vivante et troublante qu’en donne Lionel Damei est étonnante de véracité.

Une mort omniprésente 

Il forme avec Alain Kingler un étrange duo. Le psy l’interroge sur ses origines, ses aspirations d’actrice déçue qui se réfugie avec succès dans la chanson. Ce jeu de questions-réponses est entrecoupé de chansons que Lionel Damei interprète à merveille. Toutes sont irrémédiablement liées aux propos qui les introduisent. Où l’on prend conscience que la mort hante les textes qu’on écrivait pour elle, les plus légères, comme Gigi l’amoroso, étant des façades pour mieux cacher son drame intime.

Dalida sur le divan en devient extrêmement touchant, sinon bouleversant. La vedette inaccessible et sophistiquée se révèle une femme à la personnalité perturbée, fracassée. Sobre dans sa mise en scène, la pièce doit sa force au jeu des acteurs. A la fois comédiens et chanteurs, ils rendent un hommage émouvant à la chanteuse, à la femme, à sa sensibilité laminée par le destin.

Dalida sur le divan
De Joseph Agostini
Avec Lionel Damei et Alain Kingler
Regard et mise en scène : Sophie Lahayville et Christophe Roussel
Le Verbe Fou, 95 rue des Infirmières, 84000 Avignon
Du 7 au 30 juillet, à 13h30
04 90 85 29 90

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.