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Fermeture de Fesseinheim : l'Italie et l'Allemagne en avance sur la voie du démantèlement de leurs centrales nucléaires

Alors que la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin) a été engagée vendredi, d'autres pays en Europe mènent depuis longtemps le démantèlement de ses réacteurs nucléaires. Exemple en Italie et en Allemagne.

Article rédigé par Anne-Laure Barral
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
La centrale nucléaire de Fessenheim en Alsace, le 19 janvier 2018. (FREDERICK FLORIN / AFP)

À la centrale de Garigliano, à 150 km au sud de Rome, le directeur du site Fabrizio Scolamacchia fait visiter sa centrale à l'arrêt depuis 30 ans. L’ancienne salle de commande est restée dans son jus avec de gros boutons de commande et de vieux moniteurs. "Cette centrale ne sera pas complètement démantelée. Nous pensons en faire un musée de l'industrie nucléaire pour les générations futures", explique-t-il.

À l'extérieur, une immense sphère blanche contient encore la cuve de l'ancien réacteur. Il s'agit de la partie la plus radioactive de la centrale. Elle est restée également dans son jus. La grande avancée du démantèlement, c'est la cheminée extérieure, qui a disparu. Un robot en a gratté la partie interne mais le reste des gravats, eux, sont réutilisés. "La structure interne de la cheminée a été enlevée par le robot et le reste a été mesuré pour montrer qu'il n'y a plus de contamination, et, donc que ces débris pouvaient sortir de la centrale sans problème", explique Lamberto Matteocci, directeur technique de l'autorité de sûreté nucléaire italienne.

Pas de solutions de stockage des déchets

Les débris les plus radioactifs sont stockés sur place dans des entrepôts sous bâche et surveillés, détaille Jean-Christophe Niel, le directeur de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire français (IRSN), en visite sur le site. Le déchet est "de très faible activité", estime-t-il. Selon, lui, il n'y a pas besoin d'attendre d'avoir une solution de stockage pour commencer le démantèlement, "en même temps, le nombre d'installations est plus faible".

Même si l'Italie a décidé de sortir du nucléaire par référendum après la catastrophe de Tchernobyl, le pays n'a toujours pas trouvé de site définitif pour le stockage de ses déchets radioactifs. Désigner une région propice pour accueillir un tel site soulève toujours des levées de boucliers.   

Détruire au plus vite en Allemagne

Direction l'est de l'Allemagne, sur les bords de la Baltique à la centrale de Lubmin. L'immense site de 8 réacteurs a fermé en 1995. C'était une condition à la réunification du pays. Ici pour l'opérateur EWN, pas question de faire de cette centrale un musée mais bien de le déconstruire entièrement d'ici 10 ans. L'idée est d'aller le plus vite possible comme l'explique le directeur de l'IRSN, Jean-Christophe Niel.

"A une époque, les experts considéraient que le fait d'attendre permet de faire réduire la radioactivité de manière importante et faciliter les opérations de démantèlement. On s'est aperçus qu'au début la radioactivité décroît, mais au bout d'un certain temps, elle a tendance à se stabiliser et à ne plus décroître", constate Jean-Christophe Niel. Conclusion : une attente trop longue avant de démanteler se révèle nocive.

Le bénéfice de l'attente diminue. Et puis, a contrario, plus l'attente dure, plus l'installation va vieillir et risque de se dégrader.

Jean-Christophe Niel, directeur de l'IRSN en France

franceinfo

Par ailleurs, selon lui, avant d'engager un démantèlement, il est important de s'appuyer "sur des gens qui ont connu l'exploitation" mais les installations acuelles n'ont pas connu ce "processus", constate le directeur de l'IRSN.

Emballer et stocker sur place faute de mieux

L'Allemagne n'a pas non plus de site de stockage définitif pour ses déchets, alors tout est découpé, emballé, et stocké sur place. Un choix sûr, estime Sven Dokter, de l'IRSN allemand : "Si ce n'était pas sûr, ce ne serait pas autorisé. Nous avons donné une autorisation pour 40 ans. Cela nous permet de voir comment se comportent les déchets radioactifs dans leur colis. Au bout de 40 ans, si nous n'avons pas de site définitif, il faudra mettre les déchets dans de nouveaux emballages".

Cette centrale de Lubmin est aujourd'hui le plus grand chantier de démantèlement au monde. EWN veut donc montrer qu'il peut tout gérer il faut dire qu'à l'international, le marché du démantèlement nucléaire est prometteur. Une centaine de réacteurs sont à l'arrêt et 150 ont plus de 30 ans dans le monde.   

Le reportage d'Anne-Laure Barral

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