Viol présumé au 36, quai des Orfèvres : la question du consentement au cœur du procès de deux policiers devant la cour d'assises
Les deux fonctionnaires de la BRI sont soupçonnés d'avoir violé une touriste canadienne dans l'ancien siège de la police judiciaire parisienne il y a cinq ans.
Deux policiers de la Brigade de recherche et d'intervention (BRI), soupçonnés d'avoir abusé d'une Canadienne, dans les locaux du 36, quai des Orfèvres, l'ex- siège de la police judiciaire à Paris, sont jugés devant les assises, à partir de lundi 14 janvier. L'avocate de la plaignante maintient les accusations, alors que la défense des deux policiers n'a pas souhaité s'exprimer avant le procès, pour des faits datant de 2014.
L'accusation d'"une tournante"
La soirée du 22 avril débute dans un pub irlandais, à quelques pas du mythique bâtiment du quai des Orfèvres, dans le 1er arrondissement de la capitale. Emily est en vacances à Paris. La touriste canadienne de 34 ans sympathise avec un groupe de policiers d'élite, appartenant à la BRI. Les verres d'alcool s'enchaînent. Tout le monde flirte ce soir-là, concédera la jeune femme devant les juges. Puis, un peu avant 1 heure du matin, la jeune femme accepte d'aller visiter les locaux de la police judiciaire parisienne. Elle est alors piégée, affirme son avocate, Sophie Obadia. "Elle s'est retrouvée très, très loin de l'entrée et de la surveillance possible, dans des bureaux égarés, desquels il était très difficile de s'enfuir. Elle n'a pas du tout adhéré à cette tournante et elle s'est retrouvée violée, dans un état d'alcoolisation très avancé, dans des lieux et avec un nombre d'individus qui ne lui permettaient pas de dire 'non'", assure l'avocate.
Ma cliente est sortie des bureaux, a descendu un escalier et a commencé, alors qu'elle était en pleurs et qu'elle était visiblement très troublée, à dire 'j'ai été violée'.
Sophie Obadia, avocate de la plaignanteà franceinfo
En larmes, Emily demande à parler à une femme. Elle répète que plusieurs policiers en civil ont abusé d'elle. "Ils ont voulu du sexe avec moi que je ne voulais pas", dénonce-t-elle.
Des faits de viol réfutés
Un fonctionnaire l'aurait incitée à boire un verre de whisky avant de lui imposer une relation sexuelle. D'autres policiers l'auraient ensuite violée, sans qu'elle ne puisse reconnaître tous ses agresseurs. Une version contredite par les policiers pendant toute la durée de l'instruction. Une fois dans leurs bureaux, elle s'est mise à danser et à se dénuder, assure l'un des deux accusés. Mais il n'y a eu aucune violence et aucune contrainte, ajoute ce policier de 49 ans, face aux enquêteurs. Son collègue admet un flirt et des attouchements réciproques, rien de plus.
Après un non-lieu prononcé en 2016, ces deux fonctionnaires ont finalement été renvoyés devant les assises pour viol en réunion. Ils risquent jusqu'à 20 ans de réclusion. La question du consentement sera au cœur des trois semaines d'audience d'un procès qui pourrait se tenir à huis clos.
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