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Vidéo Pourquoi porte-t-on secours à certains, mais pas à d'autres ?

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Envoyé spécial du 4 juin 2015
Envoyé spécial du 4 juin 2015 Envoyé spécial du 4 juin 2015 (France 2 / BENOIT SARRADE)
Article rédigé par franceinfo
France Télévisions

Selon les psychologues, venir en aide à autrui répondrait à des facteurs comportementaux bien précis.

En avril 2014, une jeune femme de 29 ans s'est fait agresser sexuellement dans le métro de Lille. Trente minutes de cauchemar éveillé durant lesquelles aucun passager ne lui est venu en aide. Pourquoi les témoins dans la rame ne sont pas intervenus ? Quels sont les facteurs qui expliquent que certaines personnes sont plus enclines à aider leur prochain que d'autres ? Et s'il n'était pas question d'avoir "l'âme d'un héros" ? Si nos actions et notre comportement répondaient à des règles bien précises ?

Intervenir en cas de danger n'est pas un réflexe naturel

Michel Désert, professeur en psychologie sociale à l'université de Clermont-Ferrand II, s'est penché sur notre comportement afin d'identifier les raisons qui poussent notre cerveau à agir face au danger. Pourquoi certains détournent-ils le regard pendant que d'autres n'hésitent pas à porter secours à autrui ? Fait particulièrement étonnant, le nombre de témoins joue sur le comportement humain. Plus ils sont nombreux, moins les gens sont poussés à s'interposer. Dans l'inconscient collectif, on se dit que quelqu'un agira bien à notre place. Cela s'appelle l'effet spectateur, un phénomène étudié par les psychologues du monde entier.

L'effet miroir

D'autres facteurs influencent aussi notre comportement. Le professeur Désert et ses étudiants prennent part à des expériences in situ afin de dévoiler les causes qui nous poussent à agir. L'âge, le sexe, la couleur de peau, le statut social défini à travers l'apparence et les vêtements. C'est sur ce dernier facteur que ses étudiants vont mener leur expérience. À gauche, une jeune fille bien vêtue simule un malaise à l'arrêt du tramway. À droite, une autre étudiante, cette fois-ci habillée comme une SDF, s'effondre elle aussi. En moins de dix secondes, la jeune fille bien vêtue est secourue par un passant. L'étudiante déguisée en SDF reste au sol pendant de longues minutes, certains piétons changent de trottoir ou passent à côté d'elle sans la regarder. À moins d'un mètre d'elle, assis à l'arrêt du tramway, un jeune homme détourne le regard. Il faudra plus d'une minute trente pour que quelqu'un vienne la secourir.

"On se met plus facilement à la place de quelqu'un qui nous ressemble que à la place de quelqu'un que l'on sent très loin, très différent de nous. Et donc, puisqu'on se met plus facilement à sa place, puisqu'on ressent plus d'empathie, eh bien on va plus facilement venir en aide à cette personne-là", explique le professeur Désert.

Les psychologues ont donc découvert que notre propension à jouer les bons samaritains est déterminée, à un moment précis, par tout un ensemble de circonstances. Pourtant, ces explications sont parfois insuffisantes et certaines personnes échappent à ces comportements d'imitation. Lassana Bathily, le héros de l'HyperCasher, en est un exemple.

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