"Un individu de race noire" : polémique après le dérapage raciste de l'alerte enlèvement
Le ministère de la Justice a déploré, a posteriori, l'emploi "de termes regrettables" dans l'intitulé de l'alerte diffusée mardi après le kidnapping d'un bébé à Grenoble.
"Djenah, petite fille de 4 mois, (...) a été enlevée par son père. (...) Il s'agit d'un individu de race noire." La première version de l'alerte enlèvement diffusée mardi 18 octobre par le gouvernement aux médias, après l'enlèvement d'un bébé à Grenoble, a scandalisé. Elle semble en effet avaliser le concept de race, qui est scientifiquement faux :
Cette formulation suscite immédiatement de multiples protestations sur les réseaux sociaux. En témoigne la réaction sur Twitter de la militante antiraciste Sihame Assbague, mardi soir :
France, 2016 | Le Ministère de la Justice a donc tweeté une #AlerteEnlevement mentionnant un "individu de race noire. Rien à ajouter".
Professeur de droit public à l'université de Nanterre, Serge Slama interpelle le ministère :
Aux responsables d'alerte enlèvement, depuis quand il y a une "race noire" ? @Place_Beauvau @BCazeneuve @JJUrvoas @AlerteEnlevemt
"Certains termes du message étaient regrettables"
A 0h47, dans la nuit de mardi à mercredi, le porte-parole du ministère de la justice, Pierre Januel, précise sur le même réseau social que "certains termes du message, repris précipitamment, étaient inappropriés, regrettables et très rapidement modifiés"
#AlerteEnlèvement Certains termes du message,repris précipitamment, étaient évidement inappropriés, regrettables et très rapidement modifiés
— Pierre Januel (@PJanuel) 18 octobre 2016
Une alerte rédigée dans la précipitation
Que s'est-il passé ? Joint par franceinfo, le ministère de la Justice explique comment s'est déroulée la procédure. Dans un premier temps, "la police judiciaire et les autorités locales, à Grenoble, ont fait et validé le message. Celui-ci a ensuite été transmis à des grands groupes de presse et aux chaînes d'info, et au ministère de la Justice qui l'a retransmis sur les réseaux sociaux." Il est déjà tard dans la soirée et tout le monde est conscient qu'il faut aller vite avant que la nuit ne soit trop avancée. L'enfant a été enlevée dans la matinée, plusieurs heures plus tôt.
Lorsque le ministère de la Justice se rend compte, via les réseaux sociaux, de la formulation plus que malencontreuse du message, il modifie "en trois minutes" l'intitulé de l'alerte, assure la place Vendôme. Sans forcément obtenir qu'elle soit rectifiée sur tous les médias qui l'ont dupliquée. Le ministère avoue aussi avoir voulu éviter que la polémique ne détourne l'attention du principal message de l'alerte. Une inquiétude désormais sans objet : le père s'est rendu, et le bébé est sain et sauf.
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